Le 7 octobre 2017
Pointant les difficultés à amener un processus de paix dans le conflit israélo-palestinien, ce documentaire sobre au montage habile confirme l’humanisme et l’engagement d’Amos Gitaï.
- Réalisateur : Amos Gitaï
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Israélien, Français
- Distributeur : Dulac Distribution
- Durée : 1h24mn
- Titre original : West of The Jordan River (Field Diary Revisited)
- Date de sortie : 11 octobre 2017
- Festival : Festival de Cannes 2017
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Résumé : Amos Gitaï retourne dans les territoires occupés pour la première fois depuis son film documentaire "Journal de campagne" (1982). Gitaï circule en Cisjordanie, où il est témoin des efforts citoyens israéliens et palestiniens pour tenter de dépasser les conséquences d’une occupation qui dure depuis cinquante ans.
Critique : Amos Gitaï n’avait plus tourné depuis Le Dernier jour d’Yitzhak Rabin (2015), stupéfiante reconstitution des derniers instants du Premier ministre assassiné par l’extrême droite israélienne pour avoir cherché la paix avec les Palestiniens. Le présent documentaire se présente comme son prolongement : Rabin apparaît d’ailleurs au début et à la fin de l’œuvre, à travers des extraits d’une interview que Gitaï avait menée peu de temps avant la mort en 1995 de celui qui fut (avec Shimon Peres et Yasser Arafat), l’homme politique à l’origine des accords d’Oslo. À l’ouest du Jourdain combine avec bonheur un ensemble de reportages et plusieurs entretiens autour du conflit israélo-palestinien et des territoires occupés, encore que Gitaï évoque le déni de ce dernier terme par l’actuel pouvoir : les dirigeants israéliens se sont radicalisés au même titre que les nationalistes palestiniens, ce qui a accentué le fossé entre les deux peuples et enrayé toute négociation sur un partage territorial et un compromis politique.
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Donnant la parole aux différents protagonistes, mais n’hésitant pas à interrompre ceux qui professent des propos belliqueux et/ou extrémistes, Amos Gitaï persiste et signe dans sa volonté d’affirmer qu’un dialogue est possible, pour peu que l’ouverture à l’autre dépasse les certitudes et l’obstination à camper sur des positions rigides. Loin de la démarche manipulatrice d’un Michael Moore qui se la joue Robin des Bois ou du narcissisme d’un Al Gore en posture messianique de défenseur de la planète, Amos Gitaï convainc par son approche plus sobre, et tend le micro à des citoyens souvent absents des reportages télévisés et des raccourcis médiatiques en général : mères israéliennes et palestiniennes membres d’une association réunissant des familles ayant perdu l’un des leurs à cause du conflit, femme de confession juive vivant dans une colonie en Cisjordanie, et attaquée au couteau parce que son beau-père prônait le rapprochement entre les communautés, musulmans et israélites participant ensemble à des spectacles de danse orientale.
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Les échanges culturels forment d’ailleurs pour Amos Gitaï l’un des vecteurs de la réconciliation, et ces passages constituent les moments les plus optimistes d’un documentaire qui fait froid dans le dos lorsque le cinéaste discute avec un jeune enfant palestinien qui clame avec le sourire : « La vie est belle, mais mourir en martyr, c’est encore mieux ». Même si l’aspect télévisuel du dispositif en limite la portée, À l’ouest du Jourdain frappe par son montage habile, son émotion discrète et la force du sujet, qui font écho à ses réussites fictionnelles antérieures comme Kadosh ou Free Zone. « Ce film parle d’une réponse possible. Celle, émouvante, de gens qui n’ont pas le pouvoir mais auxquels il reste un idéal, une opinion, qui les pousse à agir quels que soient les risques, les conséquences, les insultes et les accusations », a déclaré le réalisateur. On ne saurait que souscrire à ce propos.
– Quinzaine des Réalisateurs Cannes 2017
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