Pour un seul de mes deux yeux - La critique

Israël-Palestine. Le journal intime d’un cinéaste engagé.

L’argument : Croyant à la force du dialogue, le cinéaste israélien Avi Mograbi s’interroge sur le douloureux conflit israélo-palestinien en convoquant les mythes de Samson et de Massada.

Notre avis : Cinéaste engagé, Avi Mograbi continue à ausculter les maux de son pays dans une sorte de journal intime filmé. Ponctué par les conversations téléphoniques du réalisateur israélien et de son ami palestinien, Pour un seul de mes deux yeux dresse un sombre état des lieux de la société israélienne à travers plusieurs scènes de la vie quotidienne. Soit des fragments de réalité brute qui dénoncent l’injustice faite aux Palestiniens (le réalisateur a sillonné durant plusieurs mois les territores occupés). Tandis que ces derniers subissent quotidiennement les humiliations, on enseigne aux jeunes Israéliens que la mort est préférabe à la soumission.
Mograbi aborde les rapports israélo-palestiniens à la lumière des mythes fondateurs de l’identité israélienne. Samson, tout d’abord, héros qui, poussé par le désespoir, décide de se suicider en provoquant la mort de ses ennemis. Massada ensuite, forteresse dans laquelle un groupe de juifs nationalistes extrémistes (les zélotes)
préfèrent se suicider plutôt que de tomber aux mains de l’ennemi romain. En convoquant ces épisodes, le réalisateur démontre que les héros juifs fondateurs de l’histoire contemporaine du Moyen-Orient ressemblent étrangement aux kamikazes palestiniens actuels. Et tente de rétablir la vérité sur ces soi-disant combattants de la liberté en les faisant passer pour ce qu’il étaient en réalité : des assassins. Pour qu’enfin les générations futures cessent de penser que la liberté passe par la mort.