Bouillonnements civiques
Le 20 août 2003
Une vision d’Israël à la fois emplie d’amertume et éblouissante de réalisme.
- Réalisateur : Avi Mograbi
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Israélien, Français
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– Durée : 1h12mn
Une vision d’Israël à la fois emplie d’amertume et éblouissante de réalisme.
Avi Mograbi n’est pas un réalisateur comme les autres. Toujours seul à porter sa caméra, il traverse son pays, Israël, afin d’en donner l’image la plus véridique possible. Il bannit donc la stylisation et la fiction. Août (avant l’explosion) en est un parfait exemple. Le film le met lui-même en scène, lors de son tournage. Il nous raconte face à la caméra l’origine de son projet. Alors qu’il avait un film en cours sur l’attentat du Tombeau des Patriarches à Hébron, le cinéaste décide de filmer son pays au mois d’août, ce mois terrible pris entre la canicule et la violence. Chez lui, dans son fauteuil, il explique pourquoi sa haine du mois permettrait de montrer les tensions que subissent les habitants du pays.
Avi joue trois personnages dans ce film documentaire : lui-même, le réalisateur, sa femme et son producteur. Sa femme lui suggère de filmer la violence, prisme de toutes les réalités du quotidien israélo-palestinien. Mais son producteur le conjure de finir le premier tournage, sur le célèbre attentat contre les Palestiniens d’Hébron. Dès lors Avi ne rencontre que des difficultés. Il parcourt les rues de Tel Aviv, caméra à l’épaule, et se confronte d’emblée aux refus des passants de prêter leur image. Des policiers aux militants pacifistes d’extrême gauche, les Israéliens qu’il rencontre se révèlent tous aussi peu prompts à participer. Malgré tout, le portrait d’Israël qu’il commence à construire est saisissant. L’omniprésence de l’armée et du droit, la récurrence des menaces envers les étrangers et inconnus, ainsi que la haine de l’ennemi palestinien, ne s’en font que plus criants.
Avi Mograbi résume ainsi cette expérience : "Quand j’ai commencé le tournage, je pensais filmer des événements, d’importance inégale, dont la violence potentielle se révélerait d’elle-même. Mais une fois descendu dans la rue, j’ai filmé une violence diffuse, verbale, quotidienne." Son film, qui a l’atout de surprendre le spectateur et ainsi de se démarquer des autres fictions et documentaires traitant du sujet, est à la fois empli d’amertume et éblouissant de réalisme. On y découvre un visage d’Israël d’une rare authenticité. Et le tout est loin d’être dépourvu d’humour, Avi Mograbi prenant son métier avec une grande distance en même temps qu’un grand professionnalisme. Pour les amateurs de non-conformisme et de dénonciation.
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