Le 11 septembre 2022
- Réalisateur : Alain Tanner
- Voir le dossier : Nécrologie
Figure emblématique du cinéma suisse, Alain Tanner a signé des œuvres majeures comme La salamandre, Jonas qui aura 25 ans en l’an 2000 et Dans la ville blanche.
News : Après des études de sciences économiques, Alain Tanner fonde, avec Claude Goretta, le Ciné-club universitaire de Genève, en 1951. Il séjourne ensuite au Royaume-Uni où il est impressionné par le Free Cinema anglais, et collabore au British Film Institute. Il retrouve son compratriote Goretta pour la coréalisation de Picadilly la nuit (1957), un court métrage d’avant-garde qui les fait connaître. Revenu en Suisse, Alain Tanner persiste dans cette voie pour la Télévision suisse romande, avant d’être, en 1968, l’un des fondateurs du Groupe 5, chargé de promouvoir le jeune cinéma dans son pays natal. Alain Tanner passe alors à la réalisation d’un premier long métrage de fiction, Charles mort ou vif (1970), six ans après avoir expérimenté ce format avec le documentaire Les apprentis. Léopard d’or au Festival de Locarno, ce drame relate les déboires d’un chef d’entreprise dans l’horlogerie (François Simon), qui quitte subitement son emploi et sa famille. Le cinéma d’Alain Tanner est dans la continuité de l’esthétique de la Nouvelle Vague française, tout en empruntant la ligne de la contestation inhérente à période post-soixante-huitarde.
- La salamandre © 1971 Svociné / 2019 Tamasa Distribution. Tous droits réservés.
Son chef-d’œuvre est à cet égard La salamandre (1971), primé au Festival de Berlin, et interprété par Bulle Ogier, Jean-Luc Bideau et Jacques Denis. Ce récit d’une aliénation, au noir et blanc épuré, est caractérisé par un humour grinçant et frappe par son humanisme visionnaire. Dans la même veine, Jonas qui aura 25 ans en l’an 2000 (1976) suit les destins de huit personnages vivant en couple, et permet à Tanner de diriger des acteurs venant d’horizons divers, de Raymond Bussières à Miou-Miou en passant par les fidèles Bideau et Jacques Denis. Il en tournera une suite implicite, Jonas et Lila, à demain, en 1999. En ces années 70, Alain Tanner réalise aussi Le retour d’Afrique (1973), Le milieu du monde (1974) et Messidor, en cohérence avec son univers mais qui connaissent une moindre audience.
La décennie suivante est marquée par deux réussites qui confirment son inspiration. Les années lumière (1981), dont l’action est située Irlande, obtient le Grand Prix au Festival de Cannes, quand Dans la ville blanche, porté par le thème de l’exil et du voyage, est tourné au Portugal, avec Bruno Ganz. Le film est sélectionné à la Berlinale et connaîtra un beau succès d’estime en salles, avant de remporter le César du meilleur film francophone.
- Les années lumière © 1981 Pheonix, Slotint. Tous droits réservés.
On peut aussi apprécier No Man’s Land (1985) et Une flamme dans mon cœur (1987), avec sa muse Myriam Mézières. Le réalisateur dirige également Jean-Louis Trintignant dans La vallée fantôme (1987), avant de présenter La femme de Rose Hill qui a une sortie confidentielle en 1989.
Alain Tanner est l’auteur de huit derniers longs métrages, de L’homme qui a perdu son ombre (1991, avec Francisco Rabal) à Paul s’en va (2004), en passant par Le journal de Lady M. (1994), le documentaire Les hommes du port (2005), le film fantastique Requiem (1998) ou Fleur de sang (2002). Mais l’accueil critique et public de ces œuvres est plus tiède, à l’exception de Fourbi (1996), qui offre l’un de ses premiers rôles importants à Karin Viard. En 2021, les Films du Camélia proposaient une rétrospective en trois films d’Alain Tanner, sous l’intitulé Éloge de la fuite, en collaboration avec les Cahiers du Cinéma et le CNC. Alain Tanner est décédé le 11 septembre 2022 à l’âge de 92 ans.
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