Le 14 avril 2018
- Réalisateur : Miloš Forman
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Souvent perçu comme un auteur classique, plus à Oscars qu’à Palmes d’or, Milos Forman nous a quittés, laissant derrière lui une œuvre impressionnante de succès et de glorieuses statuettes.
Mort à 86 ans, le réalisateur Milos Forman, méconnu de la nouvelle génération faute d’un succès populaire depuis son chef-d’œuvre, Amadeus (1984), demeure l’un des cinéastes les plus importants de ces 40 dernières années.
Le vétéran Forman a démarré dans le documentaire, au début des années 60, avant d’aborder sa première fiction, L’as de pique, en 1964. De nationalité tchèque, il part en exil aux USA, suite aux conséquences dramatiques du Printemps de Prague. Il est alors une valeur montante, avec notamment la reconnaissance mondiale de son troisième long, Au feu les pompiers !, en 1967, une comédie dramatique qui lui vaut une nomination aux Oscars, dans la catégorie du Meilleur film en langue étrangère.
Naturalisé américain, l’auteur tourne moins dans les années 70, après le méconnu Taking off, en 1971, une autre comédie présentée à Cannes, à forte tendance hippie ; il doit attendre 1975 pour véritablement marquer les esprits avec le premier jalon d’une série de chefs-d’œuvre qui ont marqué au fer leur époque.
Vol au-dessus d’un nid de coucou lui permet de décrocher les Oscars du meilleur réalisateur et du meilleur film. Jack Nicholson gagna quant à lui l’Oscar du meilleur acteur, atteignant un nouveau paroxysme dans une carrière alors en pleine ascension – il venait d’enchaîner Ce plaisir qu’on dit charnel, La dernière corvée, Chinatown, Profession reporter.
La suite est un sans-faute : le comédie musicale hippie Hair qui, si elle ne reçoit pas les nominations attendues, est un nouveau succès au box-office (1979), Ragtime (1981) et ses tensions ethniques dans une Amérique en cours de construction, n’a pas la réception critique souhaitée, mais obtient 8 nominations aux Oscars (essentiellement secondaires). Mais c’est surtout Amadeus (1984) qui va devenir le couronnement de sa carrière, avec un succès planétaire inimaginable pour cette quintessence de biopic réussi : 8 Oscars obtenus sur 11 nominations, dont meilleur film et meilleur réalisateur, des Golden Globes, des BAFTA, le César du meilleur film étranger… Le film frôle en France le score de Vol au-dessus d’un nid de coucou (4.7 millions d’entrées pour ce dernier contre 4.5 pour Amadeus).
La suite de sa carrière déclinera et les projets se feront plus rares. Et pour cause, après l’investissement psychologique dans Amadeus, il prend quatre ans de vacances et ne revient qu’en 1989 avec le douloureux Valmont, Sa version des Liaisons dangereuses, classique de la littérature qui, la même année a triomphé plus tôt avec l’adaptation de Stephen Frears. Valmont est produit par le distributeur et producteur Claude Berri. Très attendu au tournant (trop ?), Forman déçoit l’attente forte, quand le grand public commençait à l’oublier pour lui préférer les épopées d’un certain Jean-Jacques Annaud, autre vénérable cinéaste dit classique des années 70 et 80. Valmont séduit une partie de la critique, mais s’écrase au box-office.
C’est en 1996 que Forman prend sa revanche avec un biopic inattendu sur l’hédoniste Larry Flynt, créateur du magazine de charme Hustler, et chantre du premier amendement de la Constitution américaine. Forman est de nouveau nommé comme meilleur réalisateur aux Oscars. Une faveur qui lui est accordée au vu des deux seules nominations qu’obtient son film. Le biopic à l’affiche à scandale octroie un très beau rôle pour Woody Harrelson, valeur montante, et un nouveau succès au box-office au réalisateur, mais moindre par rapport à ses films phares.
La fin de la carrière de Milos Forman est marquée par trois autres films jusqu’en 2009, Man on the moon étant le seul à retenir. Le biopic sur le comique Andy Kaufman vaut à Jim Carrey un rôle à part dans sa filmographie. On préférera oublier Les Fantômes de Goya, biopic sur le peintre espagnol, avec Javier Bardem et Natalie Portman. Son ultime film, Dobre placená procházka (2009) est coréalisé avec son fils, Petr Forman. Désormais à la retraite, Forman arrête de tourner.
La Cinémathèque française lui a rendu un vibrant hommage, en septembre 2017, ce qui don’a l’occasion au distributeur Carlotta de réhabiliter le mal-aimé Man on the Moon, œuvre maudite au sein de sa carrière.
Selon sa veuve, Milos Forman nous a quittés vendredi 13 avril 2018, de façon paisible, des suites d’une longue maladie. Sa filmographie est riche en œuvres fortes et mémorables.
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