Littérature francophone
Le 20 février 2002
Jean Échenoz rend hommage à son éditeur.
- Auteur : Jean Echenoz
- Editeur : EDITIONS DE MINUIT
- Genre : Biographie
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Fondateur des Editions de Minuit, Jérôme Lindon est décédé le 12 avril 2001. Jean Echenoz, prix Médicis 1983 pour Cherokee et prix Goncourt 1999 pour Je m’en vais, "écrivain-Minuit", a écrit un texte bref quelques semaines après la mort de son éditeur.
Par ce sobre hommage, Jean Echenoz nous brosse le tableau de l’intense et houleuse relation qu’il a entretenue avec son éditeur et met à jour la complexe et déstabilisante personnalité de Lindon. On voit celui-ci doué d’un enthousiasme pressant et sûr de lui, présentant à l’auteur un contrat d’édition vingt-quatre heures après avoir reçu un manuscrit, capable d’élans sincères de sympathie et de générosité. Et puis Lindon, c’est parfois un homme d’une effrayante indifférence, susceptible de paroles tranchantes et définitives telles que celles qu’il prononce face à Echenoz, lorsque celui-ci lui soumet le manuscrit de son deuxième roman : "Vous ne faites plus partie des Editions de Minuit.".
Pourtant, Echenoz se défend de livrer un portrait sombre et malveillant : "Qu’on n’aille pas croire cependant que cet homme est froid, cassant, autoritaire, inaffectif, que sais-je, c’est tout le contraire.".Il attribue tout ceci à la passion dévorante qui anime Jérôme Lindon, qui le dispense de perdre du temps avec les convenances, qui le fait s’indigner mais aussi s’émouvoir : "Il peut aussi s’enthousiasmer pendant des heures pour un livre, un film, un endroit de Paris. Quand sort un film de Jim Jarmusch intitulé Ghost Dog, il me tanne au téléphone pendant des jours pour que j’aille le voir. Ce film, c’est pour vous, répète-t-il, je vous dis que c’est pour vous".
Sur ses méthodes de travail, on apprend par exemple que quand un manuscrit lui plaît, il demande rarement à l’auteur d’effectuer des modifications, hormis le titre qu’il impose souvent, ou encore que Lindon abhorre les états d’âme des écrivains et évite toute discussion qui pourrait conduire un auteur à lui faire part de ses difficultés d’écriture.
On ne trouvera pas, dans le texte de Jean Echenoz, de mots exprimant son éternelle reconnaissance envers Lindon, sa très grande admiration, l’indicible douleur que cause sa disparition, mais tout ça, on le devine. Point de mondanités, point d’effusion de sentiments, mais un simple témoignage construit autour d’anecdotes qui fait fi des états d’âme de l’écrivain que Lindon n’aurait, de son vivant, de toute façon pas tolérés.
Jean Echenoz, Monsieur Lindon, président-directeur général des Éditions de Minuit, Minuit, 2001, 63 pages, 6,86 €
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