Modus vivendi

Une chose est sûre, les membres de Zenzile sont en pleine possession de leurs moyens techniques et artistiques. Modus vivendi est évidemment, avant tout, un album dub. Basses lourdes, caisses claires virevoltantes, utilisation abusive du delay et compositions hypnotiques sont au rendez-vous. Le quintette d’Angers est loin de tourner le dos à sa vieille amie Jamaïque. Mais, tout en gardant les fondations d’un dub acoustique dépourvu d’électronique, les cinq musiciens vont fouiller au-delà de leurs frontières. Et apportent de nouvelles couleurs à leur musique déjà largement métissée.

Au côté punk des premiers albums (présent ici avec Up is a long way to go écrit et interprété par leur complice Jamika), Zenzile vient opposer des touches plus funky, comme sur Wow, ouverture de ce Modus vivendi. On jurerait même entendre un solo du grand David Gilmore sur le très floydien Mafate. Mais, comme à son habitude c’est Jean Gomis (déjà présent sur Totem) qui tire la couverture à lui. En deux apparitions, le chanteur des Meï Teï Shô se surpasse et montre deux de ses multiples facettes, la hargne (War still a run) et la souplesse (Simple lesson). Enfin, le violoncelliste Vincent Segal (Bumcello, M) vient éclairer de sa virtuosité Eolian blues.

Mais en musique, tout est histoire de mixage. Et Zenzile a cette fois laissé carte blanche à Jaja (guitariste des débuts, sur Sachem in Salem). Résultat, un mix tout en finesse. Une batterie astucieusement placée au premier plan et une basse moins présente. Un travail à mi-chemin entre rock et dub. Une manière efficace de laisser respirer les morceaux tout en gardant l’énergie nécessaire. Au final, douze titres sélectionnés et autant d’approche différentes de la musique de Zenzile. Un album inspiré par le passé et tourné résolument vers l’avenir.