Boeuf en dub
Le 29 janvier 2003
Percutant et incisif, le dernier album de Zenzile est une pure merveille.
- Artiste : Zenzile
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Avec Totem sorti à la fin 2002, Zenzile signe son disque le plus abouti. Un dub organique, chaloupé et bien balancé, prouvant une fois de plus que la France est vraiment une des petites soeurs de Kingston.
Quelle claque ! Dès les premières minutes de ce troisème opus, il est clair que Zenzile a frappé fort. Il faut mesurer le chemin parcouru depuis 1995. Les bases avaient été posées avec Sachem in Salem et transcendées avec Sound Patrol. Mais avec Totem, le groupe d’Angers a su repousser les limites de sa discipline tout en gardant sa pulse reconnaissable. Ici, pas d’électronique. Un combo classique basse-batterie-guitare-clavier, invitant tour à tour percussions, sax et les voix de Jamika Ajalon et de Jean Gomis.
Afin d’éviter de déstabiliser immédiatement l’auditeur, les Zenzile ont concocté un morceau d’ouverture, Pandora S Box, dans la lignée des compositions de Sachem in Salem. Les pompes du clavier associées au sax roots de Raggy rappellent leur Dub Tropper de 1998, la maturité en plus. Mais la phase "souvenir-souvenir" s’arrête là. La première apparition de Jamika, avec le sublime Smell the Roses, met tout le monde au parfum. Zenzile a décidé d’explorer de nouveaux territoires. La rythmique dub est toujours présente, mais les ingrédients ajoutés permettent au morceau de prendre une altitude inimaginable, stratosphérique.
Le groupe va ensuite prendre un malin plaisir à titiller notre corde sensible et à jouer avec nos émotions. Alternant légèreté et profondeur. Des compositions en apesanteur (Morning Daylight, Change) donnant la réplique à des morceaux mordants et sombres (Anti Bass Neighbourhood, Close). L’album prend enfin une dernière tangente en invitant une nouvelle fois Jean Gomis (tchatcheur attitré des Meï Teï Sho) pour un terrible Axis of Evil, chute libre angoissante au beau milieu d’un dub-hip-hop répétitif et obsédant.
Après cette montée en puissance, la température redescend doucement avec Western Addict et She Landed Here, dernière apparition, tout en tendresse, de Jamika. Enfin, pour clore Totem, les Angevins nous offrent l’hypnotique Lacrima, composé dans la plus pure tradition du dub.
Bénéficiant d’une production sobre et intelligente et d’une qualité de composition et d’arrangement irréprochable, le petit dernier de Zenzile est déjà devenu un album incontournable de la scène dub et électro française, nous offrant une alternative acoustique aux Lyonnais de High Tone.
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