Le 24 juin 2022
L’archétype du films à Oscars, attachant mais académique, emblématique d’un certain cinéma vieillot, mais techniquement irréprochable.
- Réalisateur : Bruce Beresford
- Acteurs : Morgan Freeman, Dan Aykroyd, Jessica Tandy, Patti LuPone, Esther Rolle
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Américain
- Distributeur : AMLF Distribution
- Editeur vidéo : Fox Pathé Europa, Pathé Vidéo
- Durée : 1h40mn
- Date télé : 30 juin 2022 23:10
- Chaîne : Chérie 25
- Box-office : 931 767 entrées France / 276 311 entrées Paris Périphérie
- Titre original : Driving Miss Daisy
- Date de sortie : 13 juin 1990
- Festival : Festival de Cannes 2018, Les Oscars 1990
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Résumé : À la fin des années 1940, Miss Daisy, une vieille dame juive vivant à Atlanta, se trouve dans l’incapacité de conduire sa précieuse Packard sans l’endommager. Son fils Boolie, patron d’une filature de coton, décide d’embaucher un chauffeur malgré les réticences de sa mère. Son choix se porte sur Hoke, un homme noir d’une cinquantaine d’années, volontaire et bienveillant. La relation entre la veuve et son employé, d’abord conflictuelle, va progressivement se transformer en une amitié sincère qui durera vingt-cinq ans.
Critique : Adapté d’une pièce à succès de Broadway, Miss Daisy et son chauffeur fait partie de ces triomphes en amont dont Hollywood a souhaité tirer parti. C’est le dramaturge Alfred Uhry lui-même qui a été chargé de l’écriture et des dialogues de la transposition filmique de son texte. Derrière la caméra, le brave artisan Bruce Beresford (Tender Mercies) exécute avec soin mais sans génie son contrat. On pourrait alors être bref en constatant que le film vaut ce que vaut la pièce, à savoir une honnête et attachante histoire d’amitié entre deux êtres que tout semble opposer, sur fond d’évolution de la situation des Noirs en Géorgie. Ancienne institutrice rigide et acariâtre, Daisy n’en possède pas moins une conscience morale et des valeurs humaines qu’elle cache sous une carapace de « dame de fer ». Hoke fait partie de cette majorité opprimée qui intériorise ses frustrations, ne souhaitant aucunement se rebeller. On devine dès les premières séquences que la méfiance de la vieille dame envers le chauffeur que son fils lui impose va se transformer en sentiment de confiance et d’amitié. Suivant les codes de la comédie américaine, la première partie est habile à croquer le caractère impossible de Daisy et les efforts de Hoke pour l’apprivoiser et attirer son estime. La judaïté de l’une et la couleur de peau de l’autre ont été à l’origine de discriminations, même si eux n’ont pas été visés personnellement. Et quand une bombe éclate dans une synagogue, le serviteur fait prendre conscience à la Miss, qui vit dans le déni, de l’existence d’un ennemi commun, sans que l’extrême droite fondamentaliste blanche ne soit explicitement citée.
- Copyright Sam Emerson / 2018 Pathé Films / Collection Fondation Jérôme Seydoux Pathé
Daisy et Hoke ont un rapport à la mobilité sociale : elle est riche mais est issue d’une famille nécessiteuse, quand lui, l’illettré des quartiers défavorisés, sera fier du statut d’enseignante de sa petite-fille. Enfin, la vieille dame et son chauffeur ne sont plus d’une première jeunesse, et se prennent à méditer ensemble sur les aléas du temps qui passe. Ces séquences de complicité progressive sont les plus touchantes d’un récit qui sacrifiera l’implicite pour le sentimentalisme et le politiquement correct. Certes, l’action se situe dans un État ségrégationniste qui entre 1948 et 1973 a connu de profondes mutations. Mais quand Daisy Werthan après des années d’apolitisme et d’individualisme petit-bourgeois décide de suivre une conférence de Martin Luther King, on n’y croit pas une seconde. Et sans verser dans le syndrome de La Case de l’oncle Tom, Miss Daisy et son chauffeur est trop lisse et sage, loin du lyrisme de Mirage de la vie de Douglas Sirk (auquel fait songer une scène d’obsèques avec gospel) ou des brûlots de Spike Lee (le récent BlacKkKlansman). Reste que cette œuvre emblématique du film « à Oscars » fit un tabac auprès du public et des professionnels, et remporta quatre statuettes, dont celle, excessive, du meilleur film. Jessica Tandy, comédienne de théâtre qui avait incarné la mère abusive dans Les oiseaux de Hitchcock, obtint à quatre-vingt-un ans son premier véritable grand rôle à l’écran et décrocha l’Oscar de la meilleure actrice, aux dépens de Michelle Pfeiffer, Jessica Lange et Isabelle Adjani… Morgan Freeman ne fut que nommé mais vit sa carrière connaître un grand envol après ce film.
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