Le 10 janvier 2016
- Acteur : Michel Galabru
- Genre : Nanar
- Voir le dossier : Nécrologie, Les Gendarmes et autres corps à Saint-Tropez
Qu’est-ce qu’on a aimé détester ses mauvais films.
La formidable filmographie interdite de Michel Galabru et ses titres improbables.
Les films de Galabru sur aVoir-aLire
Décédé le 4 janvier dernier, Michel Galabru était un comique qui dévorait de sa présence d’ogre les comédies auxquelles il participait avec bonhommie et une générosité qui forçait au respect. Outre son César (Le Juge et l’assassin), ses grands rôles dans des classiques populaires (la série des Gendarmes) ou chez des artistes iconoclastes (on l’a aussi vu plusieurs fois chez Bertrand Blier), Galabru n’avait pas honte d’avoir participé pour des raisons alimentaires au pire de la comédie franchouillarde, alors que celle-ci excellait dans la nullité.
Comédie d’ersatz de bidasses (Soldat Duroc, ça va être ta fête, Les bidasses aux grandes manœuvres), de sous-doués (Le bahut va craquer, Les diplômés du dernier rang), rip-off de La Boum (On s’en fout nous on s’aime)… des années 60 au début des années 90, il était de beaucoup de mésaventures assez folles, totalement irrésistibles dans leur improvisation, leur amateurisme, leurs titres improbables (Le trouble-fesses, Le plumard en folie, Pousse-pas grand-père dans les cactus, Qu’il est joli l’assassin de papa, alias Arrête de ramer, t’attaques la falaise, Le Mille pattes fait des claquettes, Poule et frites). Il jouait dans le pire, mais offrait invariablement le meilleur de lui-même, une personnalité caricaturalement bourrue, d’une poigne intransigeante, que les jeunes lycéens ou bidasses aimaient faire tourner en bourrique.
Poule et Frites de Luis Rego (1985)
Révélé par Jean Girault dans Les Gendarmes de Saint-Tropez, aux côtés de son ami Louis de Funès, il sera dirigé par Philippe Clair (Le Führer en folie, avec Alice Sapritch), Jacques Besnard (Te marre pas… c’est pour rire, avec Aldo Maccione), Jean Rollin (Ne prends pas les poulets pour des pigeons), Jean Luret (C’est facile et ça peut rapporter… 20 ans), Christian Gion (Le Provincial, Le gagnant), Zidi (Les sous-doués, Astérix & Obélix), Michel Nerval (Le bahut va craquer), et Richard Balducci (On l’appelle Catastrophe, La Honte de la famille). Il était présent, armé de son second degré féroce pour des rôles beaufs entrés dans les annales du cinéma bis nanardesque de nos campagnes. Beaucoup de ces produits artisanaux comptaient sur la province profonde et les salles uniques des villages pour trouver quelques spectateurs d’un autre temps.
Dans les années 2000, certes, ce cinéma-là a disparu. Et pourtant, le revoici dans l’inénarrable San Antonio où s’enfoncent Lanvin et Depardieu, Cineman de Yann Moix (oui, il a osé), avec Dubosc, et Les Invincibles de Frédéric Berthe, avec Depardieu, encore, mais aussi Virginie Efira, Edouard Baer, ou encore Daniel Prévost.
Pour rendre hommage à cette personnalité énorme qui nous a tant fait rire, découvrez son éclat de colère légendaire dans la comédie de Georges Lautner, La Vie dissolue de Gérard Floque (1987), où il apparaissait aux côtés de Roland Giraud et Christian Clavier. Mémorable dans l’humour politiquement correct, raciste, homophobe et antijeune. Du très mauvais, mais du très drôle. Les années 80, quoi.
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