Manta Corridor

Outre le plaisir d’une intrigue bien ficelée, Manta Corridor peut se lire comme un guide touristique des plus originaux : à la découverte d’un Paris populaire et haut en couleur.

Nul besoin d’avoir lu Passage du Désir, le livre précédant Manta Corridor, pour sympathiser avec ce duo d’enquêtrices peu orthodoxes. Lola Jost, une commissaire de police retraitée forte en gueule et pour le moins imposante, et son acolyte, Ingrid Diesel, une américaine sexy et accessoirement strip-teaseuse, forment ainsi une paire de détectives non officielles. Arpentant les rues de Paris, avec une prédilection pour le 10e arrondissement, elles rendent service, au besoin, à leurs voisins de quartier. C’est de cette manière qu’elles sont embarquées dans une drôle de galère... Lady Mba, la pétulante patronne d’un salon de coiffure, fait appel aux deux compères pour retrouver son shampouineur, Louis Manta, parti à la cloche de bois. Rien de bien folichon en apparence, mais en ce mois d’août caniculaire et étouffant, cette occupation en vaut bien une autre.
Manta Corridor est un policier très singulier, peut-être même un peu décourageant pour les habitués du roman (très) noir. Et pour cause, les premières pages tiennent davantage de la flânerie dans les rues d’un Paris, écrasé par la chaleur. Ce qui n’est pas sans un certain charme, il est vrai, sauf pour les amateurs d’action. Mais il en va ainsi des excellents polars. Ils laissent s’installer la torpeur, favorisant l’engourdissement du lecteur, pour mieux les surprendre par la suite. Nonchalamment, des pistes se mettent en place, des meurtres mystérieux jalonnent les investigations de Lola et Ingrid, des sombres règlements de compte sont mis à jour... Et sans s’en rendre compte, le lecteur n’est plus ce passant engourdi le long du canal Saint-Martin, mais un téméraire plongeur des magnifiques mers du Sud.