Sicilienne et fière de l’être
Le 9 avril 2025
Emma Dante signe un premier film audacieux qui s’inscrit dans une longue lignée du cinéma italien ; elle y apporte sa patte, même si le résultat est inégal.


- Réalisateur : Emma Dante
- Acteurs : Alba Rohrwacher, Emma Dante, Elena Cotta, Renato Malfatti, Giuseppe Tantillo
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français, Italien, Suisse
- Distributeur : Jour2fête
- Editeur vidéo : Jour2Fête Vidéo
- Durée : 1h39mn
- Titre original : Via Castellana Bandiera
- Date de sortie : 2 juillet 2014
- Festival : Festival de Venise 2013

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Résumé : Un dimanche d’été. Le sirocco souffle sans relâche sur Palerme quand Rosa et Clara, en route pour célébrer le mariage d’une amie, se perdent dans la ville et débouchent dans une ruelle étroite : Via Castellana Bandiera. Au même moment, une autre voiture conduite par Samira, dans laquelle est entassée la famille Calafiore, emprunte la même ruelle dans le sens opposé. Ni Rosa ni Samira, vieille femme têtue, n’ont l’intention de faire marche arrière. Enfermées dans leurs voitures, les deux femmes s’affrontent dans un duel silencieux, le regard plein de haine, sans boire ni manger, sans dormir jusqu’au lendemain. Plus obstinées que le soleil de Palerme et plus dur que la férocité des hommes autour d’elles. Puisque, comme dans tout duel, c’est une question de vie ou de mort...
Critique : Palerme s’inscrit dans une lignée singulière, celle du cinéma allégorique italien ; Emma Dante y a de glorieux prédécesseurs, que ce soit Comencini avec L’argent de la vieille et Le grand embouteillage, Ettore Scola avec Le Bal, voire même Fellini (pensons à Ginger et Fred). On le sait, la parabole est un art difficile : si l’anecdote qui sert de révélateur est trop mince, si l’intention est trop appuyée, le film devient un message balourd. Faire exister des personnages, une histoire, tout en dévoilant un aspect de notre monde relève de la gageure. Le cinéma italien y mêle souvent une dimension satirique, qui n’est évidemment pas absente de Palerme. À travers de multiples personnages secondaires, la réalisatrice fait vivre un microcosme qui symbolise certes Palerme, la Sicile avec ses poncifs et sa part d’authenticité, mais aussi plus largement notre monde occidental, entêté et qui va vers sa perte.
Il est dommage que le public n’ait pas été davantage tenté par cette expérience, certes inaboutie mais au moins intéressante et culottée.
Le DVD
Une modeste mais belle édition pour un film audacieux qui mérite une plus large audience qu’à sa sortie en salles.
Les suppléments
Outre l’inévitable bande-annonce, la réalisatrice, dans un entretien de 14 minutes, revient sur les principaux aspects de son film : l’origine, l’analyse des personnages, du sens, le tournage, le choix du plan-séquence. C’est évidemment très intéressant et complet, même si son autosatisfaction peut surprendre.
L’image
Ce que le support DVD permet de mieux : du grain de la peau à la poussière sur le pare-brise, des changements de lumière aux couleurs chaudes de la Méditerranée, tout est précis, détaillé, magnifiquement rendu.
Le son
Deux pistes, 2.0 et 5.1, aptes à saisir les moindres bruits (de l’eau qui coule aux portières qui claquent) , les dialogues dans leurs nuances comme les plages de silence.
– Sortie DVD : le 6 janvier 2015
– Coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine pour Elena Cotta à la Mostra de Venise 2013