Madonna : les 30 ans de Like a Virgin pointent du doigt un catalogue sous-exploité

Star sur 3 décennies, Madonna a vendu plus que toute autre chanteuse sur la planète. Et pourtant, elle aurait pu vendre bien plus...

En 1984 paraissait l’album Like a virgin de Madonna, produit par Nile Rogers, un grand noms pour habiller le second album d’une petite vedette de club dont les titres de gloire sont Holidayet Borderline.
Précédé par le scandale télévisuel des MTV Music Awards où la jeune chanteuse se roula en robe de mariée de façon lascive sur la scène, devant les yeux médusés de l’Amérique de Ronald Reagan, l’album est un carton mémorable aux USA et finira par vendre dans le monde entier plus de 22 millions d’exemplaires. En France, c’est surtout l’opus, plus commercial et plus sage, True Blue, qui lui ouvre la voie de la première place du top albums et singles.
Alors que l’hypersexuée Madonna est pointée du doigt par l’Amérique conservatrice et qu’on lui préfère Cyndi Lauper sur le projet caritatif USA For Africa des très prudes Lionel Richie et Michael Jackson, la chanteuse aligne les tubes, de Like a virgin, en passant par Material girl, Dress you up et surtout Into the groove qui intégrera la composition définitive de l’album lors de la sortie du film Recherche Susan désespérément en 1985. Un autre carton, en salle.

Aujourd’hui Madonna compte les années d’absence, près de 3 depuis son dernier album, MDNA, et met son catalogue en suspens. Alors que toutes les stars de son époque, de Jackson, à Prince, à Bowie ou George Michael, en passant par Queen, U2 et même notre Johnny Hallyday national, si, si, ont surexploité leur catalogue en proposant différentes rééditions marchandes, avec titres supplémentaires, restauration sonores, packaging collector, livrets de photo... curieusement, Madonna, elle, réfute l’idée. Pourtant des rééditions médiocres au début des années 2000 de 3 de ses albums, dont Like a virgin, avaient mal montré l’exemple. Mais depuis, rien, que ce soit dans les sorties collector dignes de ce nom ou dans la révision en profondeur de ses 30 années de carrière.
©Sire Records Company & Warner Music
Like a prayer, souvent considéré comme le meilleur album de sa carrière, fête ses 20 ans en 2009, pourquoi exploiter alors le filon juteux des rééditions ? En 2012 son premier single Everybody célèbre ses 30 ans, la chanteuse ne rééditera même pas un vinyle collector pour l’occasion. True blue, l’album aux 30 millions de ventes, comptabilise 25 ans ans dans le moteur en 2011 ? Pour l’occasion, il y aura à peine un concours sur le site officiel de l’artiste, mais rien de concret ne sera proposé aux fans... Like a virgin arbore ses 30 ans et tout le monde en parle ? Toutefois, d façon cohérente, rien ne sera mis à disposition des fans pour les fêtes de fin d’années, car en cette saison, attention, les disques se vendent et Madonna, elle, mise souvent sur les périodes creuses comme le printemps pour sortir timidement ses albums (MDNA, Hard Candy ou American life).
Le site de référence Superdeluxeedition abonde de rééditions spectaculaires, de Pink Floyd, aux Beatles, de Tears for fears à Bruce Springtseen, mais passe sous silence Madonna sans actualité. La faute à qui ? A un public inférieur qui aurait disparu ?A une artiste indifférente qui n’aime pas s’étendre sur son passé et n’a plus pour ambition que de gagner de l’argent que via des concerts, parfums, ligne de vêtements, salles de sport ? Ou peut-être la faute incomberait à son ancienne maison de disques, Warner, qui pourrait bien bloquer à peu près tout depuis l’époque de Music, connue pour les dissensions entre la star et le staff décisionnaire de la maison de disques. Cela avait précipité de façon prématurée l’exploitation de l’album Music, qui a dû se contenter de 3 singles, malgré son succès. Sur Confessions on the dance floor et Hard Candy, les prises de bec se multiplient avec la maison mère et Madonna attend la fin de son contrat juteux, le plus élevé jamais signé par une star de la chanson, dans les années 90, pour aller voler de ses propres ailes chez Interscope.
Depuis 2012, et le semi-échec de l’album MDNA (un peu moins de 2 millions d’exemplaires vendus, toutefois), plus aucun single même digital, ne sera proposé, aucun inédit ou duo, featuring et autre collaboration n’apparaître à la vente... Aucune réédition de concert dans le format blu-ray non plus... La puissance de Madonna, l’une des pionnières d’Itunes, est moindre sur le site de téléchargement, avec une absence significative de ses singles d’antan, et de ses remixes sous format dématérialisé... Tout a été mis au ban et au moins, ses fans n’ont plus à dépenser un centime pour leur idole, puisque le rayon en ligne ou en magasin physique, demeure parmi les plus poussérieux au monde.
Depuis, l’artiste s’amuse sur Instagram et compte les vedettes qui se réfèrent à son oeuvre, de Beyoncé à Taylor Swift (1989, l’année de Like a prayer, assume la jeune gloire de la Country avec fierté). Les hommages sont rendus de part et d’autre à la chanteuse de Vogue, mais cela ne fait pas vendre pour autant son back-catalogue, saturé de CD périmés que tout le monde possède ou a possédé identiquement, au moins une fois dans sa vie.
En 2015, pour la sortie de son nouvel opus, annoncé depuis un an, Madonna fera son grand retour sur les devants de la scène. Peu de chance pour autant que de gros projets de réhabilitation de son patrimoine musical ne soient mis en oeuvre. Car si Madonna aime vendre, ce n’est vraiment plus sa musique, qui appartient au sens propre et figuré à l’histoire, désormais. ©Sire Records Company & Warner Music