Les Passagers du Vent . T.8 . Le Sang des Cerises livre 1 - La chronique BD

Les Passagers du Vent font partie de ces séries cultes, où Histoire et fiction se mêlent avec brio, où l’auteur a su imposer son style et ses codes, où les héros sont des noms légendaires de la bande dessinée... Du coup, l’ouverture d’un nouveau cycle, le troisième et dernier, est un événement en soi. Quoi de mieux pour en parler que de le faire sous ce format rétro qui a la côte, en plusieurs fascicules d’un faux journal. Les lecteurs pourront ainsi découvrir les nouvelles aventures de Zabo, et d’une petite nouvelle, Bretonne naïve dans les rues d’un Paris de 1885. Ces deux personnages féminins vont se croiser dans une France qui expérimente la IIIème République, où le Sacré-Cœur se construit sur le sang de la Commune. Héritage de Vallès, de Louise Michel, de Gambetta ou de Napoléon III, l’époque, peu connue, va être la toile de fond des destins de ces deux héroïnes. Les quelques pages de ce fascicule, à la mode justement du XIXème siècle, promettent beaucoup. L’argot citadin et le patois breton ralentissent quelque peu la lecture, mais donnent comme toujours ce cachet authentique et historique qui a fait la force des Passagers du Vent. À noter qu’en plus des premières pages du futur tome 8, une interview de l’auteur, ainsi que des notes sur l’époque et le découpage de ce nouveau cycle s’ajoutent pour donner le sentiment d’un quotidien.

© Delcourt

Même en noir et blanc et sur du papier plié, le talent de Bourgeon continue d’impressionner. Celui qui moule des plâtres de ses personnages pour mieux les représenter ensuite sur ses planches n’a rien perdu de son style, bien au contraire. Faire revivre le Paris de cette fin de siècle est une aventure enthousiasmante, tout comme la Louisiane avait été un pari osé et réussi lors du cycle précédent. Vivement la couleur, car chez Bourgeon, elle achève d’unifier l’œuvre, chaque album et même série possédant ses tons propres.

© Delcourt

Excellente mise en bouche, Le Sang des Cerises, livre 1, Rue de l’Abreuvoir pour le tome 8 des Passagers du Vent, troisième cycle, a un nom à rallonge et un avenir radieux, mais porte en lui tout son passé. Un fardeau qui n’en semble pas un, tant l’aventure redémarre vite et bien, rendant le lecteur toujours plus avide de suites.