Des hommes traînent leurs fêlures au cœur du malheur. Flic alcoolique, voyeur minable, médecin sur le déclin, avocat transi d’amour. Les femmes occupent l’espace et le temps, dans la solitude et l’angoisse du passé. Procureur, juge, peintre ou prostituée. Les unes cherchent un sens à leur vie en se plongeant dans celles des autres, les autres, justement, sont mortes, la main droite tranchée, vidées de leur sang. Recherche d’identité... Celle des victimes, pour se trouver soi-même, quand un passé trop lourd à porter empêche d’exister.

L’univers de Jonquet est sombre. C’est peu dire. Le désespoir est en chaque mot, en chaque être, la vie est sans merci, les secrets trop lourds à porter, l’amour impossible. La violence du meurtre n’est rien auprès du quotidien, que l’on traîne comme une croix.
On se laisse pourtant prendre par ces vies en lambeaux qui s’éclairent parfois d’une confidence, d’une intimité partagée, d’un besoin d’amour. La noirceur humaine prend ici toute sa profondeur, la misère de l’âme pousse à tous les crimes. Le trésor des orpailleurs est celui de la honte et des cendres. Il en naît pourtant un roman d’une froide violence, sensible et fort, fidèle à un monde que Thierry Jonquet construit livre après livre, donnant tout son sens à la notion d’œuvre.