Evariste peint son dernier tableau. Et sort de sa toile.

Il l’aime bien, son Evariste, Antoine Choplin. Il faut dire qu’il est attachant, ce personnage, drôle d’artiste peintre qui entreprend un voyage au lac du Bourget pour y réaliser, dans les traces de Lamartine et le souvenir d’une femme, son dernier tableau. Et puis, Evariste, il a un bien beau prénom, qu’Antoine Choplin aime aussi et qu’il répète, souvent. Il n’écrit pas que ça, ce serait un peu court quand même. Dans un univers d’apparence surannée où sonne subtilement la modernité, il raconte aussi les rencontres d’Evariste. Un gai luron qui l’emmène au bordel, une danseuse de cabaret, comme on dit, qui se prénomme Cerise et qui se rêve actrice, une femme qu’il retient par l’épaule sur un ponton d’où elle voulait en finir, une joueuse d’échecs qui aurait pu, qui aurait dû remporter un tournoi. Tout ça en quelques jours à peine, en quelques pages, Antoine Choplin maniant la langue et les sentiments avec délicatesse.
Le fracas du monde est là, léger, le titre ne ment pas. Un joli titre comme le prénom Evariste. Une belle histoire, sensible, touchante, mais manquant un peu d’épaisseur, péchant aussi par son phrasé dont les répétitions et les errements lassent parfois. A lire avant d’embarquer, si ce n’est encore fait, sur Radeau, le précédent roman d’Antoine Choplin, qui flottait plus haut.