Le 26 octobre 2022
Cette chronique familiale est l’une des réussites du Louis Malle des années 1970. Transcendant un sujet sulfureux, le réalisateur se montre à l’aise dans un cinéma d’atmosphère.
- Réalisateur : Louis Malle
- Acteurs : Daniel Gélin, Lea Massari, Michael Lonsdale, Ave Ninchi, Annie Savarin, Jacques Sereys, Henri Poirier, Benoît Ferreux
- Genre : Comédie dramatique, Teen movie
- Nationalité : Français, Allemand, Italien
- Distributeur : Malavida Films , Cinéma International Corporation (CIC)
- Durée : 1h59mn
- Reprise: 9 novembre 2022
- Date de sortie : 28 avril 1971
- Festival : Festival de Cannes 1971
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Malavida propose au cinéma le 9 novembre 2022 la rétrospective « Louis Malle, gentleman provocateur partie 1 » qui réunit six restaurations Gaumont : Ascenseur pour l’échafaud, Les amants, Le feu follet, Viva Maria !, Le voleur et Le souffle au cœur.
Résumé : Dijon, 1954. Une famille bourgeoise. Laurent, quinze ans, vit avec son père, ses deux frères et sa mère, Clara. Sa vie se déroule en une suite de faits plus ou moins notables jusqu’au jour où il est atteint d’un souffle au cœur. Il part en compagnie de sa mère faire une cure dans le Morvan. Un tendre marivaudage s’instaure alors entre eux.
Critique : Présenté au Festival de Cannes 1971, Le souffle au cœur se situe dans la filmographie de Louis Malle entre les documentaires Calcutta et Humain trop humain. Son dernier long métrage de fiction avait été le voleur (1967) et le réalisateur reviendra à ce format avec Lacombe Lucien (1974). Le film est resté célèbre pour avoir traité, tout en le dédramatisant, le thème de l’inceste (ici entre une mère et son fils de quinze ans), ce qui ne manqua pas de choquer et susciter des polémiques, même dans le contexte permissif d’une période post-soixante-huitarde qui en avait vu d’autres. « Gentleman provocateur », pour reprendre le titre de la rétrospective que Malavida lui consacre en 2022-2023, Louis Malle n’en était pas à son premier coup d’essai dans ce domaine, lui qui avait été le premier à filmer l’amour physique dans Les amants et avait abordé ouvertement le suicide avec Le feu follet. Il démystifiera ensuite la Résistance dans Lacombe Lucien, avant de s’intéresser à la prostitution adolescente dans La petite. Auteur du scénario du Souffle au cœur, Malle ne parvint pas à obtenir l’avance sur recettes et reçut un financement via une filiale de Paramount. Et l’on peut penser qu’un tel projet serait impensable à être finalisé aujourd’hui. Mais on aurait tort de réduire Le souffle au cœur à ce parfum de scandale, même s’il est indissociable du film. L’inceste en question est d’ailleurs abordé furtivement et avec pudeur, les faits étant suggérés puis rapidement évoqués à la fin du récit.
- © Malavida, Gaumont
Car cette chronique adolescente située dans les années 50 propose une narration attachante, basée sur un enchaînement de savoureuses saynètes plutôt qu’un récit solidement charpenté. Les grivoiseries liées à l’initiation sexuelle de Laurent par ses frères (le passage dans une maison close) font penser au Fellini de Amarcord et Roma, quand les scènes de séduction dans le centre thermal évoquent le Pascal Thomas des Zozos, tourné un an plus tard. Quant à la peinture du milieu aisé provincial, elle pourra faire écho à l’esprit du cinéma de Chabrol, à l’image de la relation entre le père, gynécologue rigide (Daniel Gélin), et son épouse italienne libérée (Lea Massari). Malle excelle lui aussi à décrire l’hypocrisie de la bourgeoisie et ce qui se cache derrière les apparences de l’ordre social. Le ton du film oscille ainsi entre l’ironie acerbe envers un milieu social que Louis Malle connaît bien, et la tendresse dans l’évocation de l’initiation de jeunes gens. Sans tomber dans le piège de la reconstitution rétro, le cinéaste trouve le ton juste et opte pour la subtilité dans cette histoire vaguement inspirée de souvenirs autobiographiques.
- © Malavida, Gaumont
Même s’il est de la génération des Truffaut et Godard, Louis Malle n’a pas vraiment été assimilé au courant de la Nouvelle Vague : il faut dire que le réalisateur était attaché à la perfection technique et à l’importance du scénario, tout en étant soucieux de cibler le public, ce qui le disqualifiait aux yeux des inconditionnels de la « politique des auteurs ». Et de surcroît, aucun de ses films ne ressemblait en apparence aux autres, même si rétrospectivement, des correspondances s’établissent entre les œuvres. Le souffle au cœur fut ainsi l’objet d’un accueil critique assez tiède, mais fut bien reçu par le public, malgré (ou grâce à ?) son interdiction aux moins de dix-huit ans. Re(découvrir) Le souffle au cœur permet de reconnaître que Malle a su décrire les maux de la société et que son style à la fois épuré et efficace en fait l’un des cinéastes majeurs de son temps.
- © Malavida, Gaumont
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