Pei natal
Le 19 janvier 2005
Parce que l’écriture peut rendre justice, Shenaz Patel se fait l’écho de l’impensable déportation de deux mille insulaires.
- Auteur : Shenaz Patel
- Editeur : Editions de l’Olivier
- Genre : Roman & fiction
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Parce que l’écriture peut rendre justice, Shenaz Patel se fait l’écho de l’impensable déportation de deux mille insulaires, chassés de leur terre pour des intérêts militaires. Le pot de terre contre le pot de fer.
Entre l’Inde et l’île Maurice, au cœur de l’océan Indien, l’archipel des Chagos étire ses atolls et se donne des airs de paradis terrestre. L’île la plus vaste, Diego Garcia, 28 km², est aujourd’hui la plus importante base américaine de l’océan Indien, point stratégique de l’occupation de l’Irak. C’est aussi, et surtout, un pays fantôme pour ses deux mille âmes perdues, exilées de force à la fin des années 60, et abandonnées, sans ressources et sans formations, dans les bidonvilles de Port-Louis.
Shenaz Patel est mauricienne et son écriture subtile et sensible faisait déjà mouche dans Le portrait Chamarel [1], et Sensitive. Aujourd’hui, elle se fait l’écho du drame des chagosiens, donnant une voix à ces déportés à travers les témoignages de Charlesia et Désiré. Le plus jeune, né sur le bateau de l’exil ressent doublement cette absence de terre, d’enracinement dans une histoire collective. Il est l’enfant de la honte, l’incarnation du malheur. Charlesia vit au jour le jour, son île fichée dans le cœur, animée par l’unique espoir de faire reconnaître ses droits et ceux des siens. Désiré va trouver en elle une mémoire vivante pour éclairer son passé et comprendre.
De toute évidence, le sujet touche l’auteur de très près et le roman apparaît mené par le cœur. Il s’agit presque d’un livre-manifeste, un coin de voile levé sur une de ces atteintes à l’humanité qui s’épanouissent dans l’indifférence. L’histoire de Charlesia est dramatiquement réelle. Exilée depuis 1967, Charlesia Alexis a passé presque trente ans à lutter pour ses droits, exiger réparation du gouvernement anglais et obtenir un retour aux Chagos. Mémoire d’un peuple, elle a tenu à bout de bras les traditions de son île, devenant la dernière chanteuse du sega chagosien [2]. Elle vient aujourd’hui de renoncer, choisissant un second exil, vers l’Angleterre. Puisse Shenaz Patel, avec la délicatesse qu’on lui connaît, relayer ce combat et se faire "la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche" [3].
Shenaz Patel, Le silence des Chagos, Editions de l’Olivier, 2005, 150 pages, 16 €
[1] Prix Radio France du livre de l’océan Indien 2002
[2] Charlesia, la voix des Chagos, Coup de cœur musique du monde 2004, Académie Charles Cros, éditions Takamba
[3] Aimé Césaire, Cahier d’un retour au pays natal
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