Le ministre et son double
Le 22 mars 2010
Une œuvre de jeunesse de Julien Duvivier pleine de promesses.
- Réalisateur : Julien Duvivier
- Acteurs : Gaston Jacquet, Maud Richard
- Genre : Drame, Film muet
- Nationalité : Français
- Date de sortie : 4 mai 1923
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– durée : 1h34mn
Une œuvre de jeunesse de Julien Duvivier pleine de promesses.
L’argument : Le ministre Claude Mercoeur, surchargé de travail, fait appel aux services d’un sosie, Berjean. Celui-ci tombe amoureux de la fiancée du ministre, Gilberte Heurlize...
Notre avis : Cette histoire quelque peu tirée par les cheveux pouvait se prêter à un traitement fantastique (le thème du double) dont le film s’éloigne délibérément malgré l’usage très fréquent de trucages, de nombreuses scènes réunissant les deux personnages joués par le même acteur. Ces trucages sont simples mais invisibles : le film est une démonstration de maîtrise technique et de professionnalisme de la part de Duvivier qui n’avait que 26 ans et dont c’est le huitième film.
C’est un souci de réalisme qui prévaut ici, notamment dans les décors : intérieurs luxueux chez le ministre et Mme Heurlize, chambre de bonne puis pavillon de banlieue de Berjean, nombreux et remarquables extérieurs : quais de Seine, rues de banlieue... Les costumes ont également leur importance : élégance impeccable de Mercoeur, tenues extravagantes de Mme Heurlize, veste de velours élimée de Berjean... La copie restaurée et teintée présentée par la cinémathèque est splendide et permet d’apprécier pleinement ce travail remarquable.
Les situations de comédie et le ton léger du début font place à la gravité et même au tragique mais le film évite de s’avancer trop loin dans l’une ou l’autre direction. Il en résulte il faut l’avouer une certaine impression de monotonie accentuée par le jeu très mesuré des acteurs - deux pitres de service n’ayant qu’un rôle très secondaire. D’ailleurs les personnages sont tous sympathiques.
La performance de l’acteur Gaston Jacquet est impressionnante et le film repose en grande partie sur lui. Il arrive à créer réellement deux personnages, à tel point que le spectateur s’étonne que les autres personnages puissent les confondre. Ce jeu sur le double et le reflet dans le miroir (est-ce bien moi ?) est réellement troublant et l’une des scènes marquantes du film est un bal masqué où tous les invités sont habillés en blanc et noir.
C’est donc un beau film qui garde cependant un côté un peu appliqué. Il donne en tous cas très envie de mieux connaitre l’œuvre muette de Duvivier. Le Poil de Carotte de 1924 -magnifique - et Au bonheur des dames de 1929 - superbe démonstration de virtuosité - sont disponibles en DVD chez Arte. Mais la rétrospective organisée par la cinémathèque du 17 mars au 15 mai 2010 permet d’en découvrir 12 autres. Particulièrement recommandé : Le mariage de mademoiselle Beulemanns de 1926.
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