Le 25 mars 2021
Sans s’encombrer de subtilité, Bigelow livre avec Le Poids de l’eau un des films qui s’oubliera le plus facilement parmi une filmographie assez riche, entre récits croisés assez brumeux, réalisation datée et jeu d’acteurs douteux.
- Réalisateur : Kathryn Bigelow
- Acteurs : Sean Penn, Sarah Polley, Catherine McCormack, Anders W. Berthelsen, Elizabeth Hurley
- Nationalité : Américain
- Editeur : Universal - StudioCanal
- Durée : 1h54
- Reprise: 5 mars 2021
- Titre original : The Weight of Water
- Date de sortie : 31 juillet 2002
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Résumé : La photographe Jean James (Catherine McCormack) embarque sur un voilier, avec son mari et poète Thomas Janes (Sean Penn), afin d’enquêter sur un double meurtre vieux d’il y a cent ans. Evan (Anders W. Bethelsen) et Adaline (Elizabeth Hurley) les accompagnent dans leur quête. Le voilier vogue au large des côtes du New Hampshire, où le drame s’est déroulé. Ce dernier voit deux jeunes immigrées norvégiennes trouver la mort à coup de hache, alors qu’une troisième parvient à s’échapper. Très vite, Jean établit d’étranges liens entre sa propre vie et celle de la rescapée.
Critique : Kathryn Bigelow est une valeur sûre. A Hollywood, elle a acquis une solide réputation en remportant notamment un Oscar en 2010, pour sa réalisation de l’excellent Démineurs, porté par un Jeremy Renner se révélant au monde entier comme le brillant acteur qu’il peut être. Habituée aux films sous haute tension, c’est dans ce registre qu’elle excelle, et qu’elle reste dans les mémoires. Toutefois, elle ne s’est pas cantonnée à l’action et au suspense. L’exemple qui nous intéresse ici, Le Poids de l’eau, est sans doute le symbole d’une réussite qui semble lui échapper lorsqu’elle s’aventure loin de ses terres.
© STUDIOCANAL 2021
En effet, en 2002, accompagnée d’un casting de haut vol, elle met en scène avec bien peu de délicatesse un film qu’il est difficile de ne pas oublier. Non, Le Poids de l’eau n’est pas une horrible expérience. On la qualifiera cependant de dispensable. Les critiques de l’époque furent d’ailleurs assez froides, et alors que le temps permet parfois d’adoucir un peu nos jugements, nous n’en ferons rien ici.
La faiblesse qui fait trembler tout l’édifice est probablement l’écriture, dont Bigelow n’a pas eu la responsabilité. Les dialogues se succèdent et rivalisent d’inconsistance, alourdis par des voix off maladroites, explicitant sans finesse les états d’âme de personnages assez froids, souvent interprétés avec distance. De fait, le jeu des comédiens semble manquer de vie, d’implication. Le constat est particulièrement valable pour Sean Penn, génie d’acteur ici réduit à la caricature d’un poète tourmenté et assez unidimensionnel.
© STUDIOCANAL 2021
Bigelow entremêle ses thématiques de telle sorte qu’il est difficile de s’attacher aux différents enjeux développés, notamment celui de l’attraction physique manifeste entre Thomas et Adaline, laquelle est campée par une Elizabeth Hurley qui doit encore se demander le sens de son personnage. Plus embêtant, et même si on comprend l’intention : il est difficile de saisir pourquoi Adaline est ainsi sexualisée. Ce n’est bien sûr pas interdit lorsque l’intention est porteuse d’enjeu ou d’un propos. Mais en l’état, le personnage ne parvient jamais tout à fait à sortir de cette définition unique et charnelle qui est la sienne : celle d’objet d’attirance sans épaisseur.
En opérant des allers-retours entre passé et présent assez mécaniques, Bigelow avance lentement vers une résolution à laquelle on peine à s’intéresser, nous imposant au passage sa réalisation assez empruntée, et surtout très datée. Seulement âgé de deux décennies, Le Poids de l’eau porte surtout celui des ans.
Certes, la réalisatrice installe peu à peu son atmosphère, notamment avec un travail attendu sur le bleu, mais celle-ci laisse en fin de compte un goût assez froid. L’impression est surtout liée à une mise en scène par moment assez neutre, avec peu de vision.
Si Le Poids de l’eau n’est pas toujours désagréable, il n’est jamais indispensable.
L’image
Rien à redire quant à la qualité de l’image, qui ne souffre d’aucun défaut notable, et a le mérite de rendre compte du travail doté de fulgurance d’Adrian Biddle à la photo.
Le son
Une version VOSTFR, une version française, le minimum vital est assuré pour cette édition. Le tonnerre et les tourments des mers ressortent parfaitement en haute définition, et participent à sauver un visionnage parfois un peu long, qui s’enflamme dans sa résolution.
Les suppléments
Aucun supplément dans cette édition, ce qui est regrettable.
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