Le 25 juin 2024
Lánthimos devrait ravir ses fans, mais également agacer ses détracteurs, avec cet opus en trois parties fidèle à son univers. Il faut reconnaître que le film est plutôt abouti malgré quelques excès inhérents au style de son auteur.
- Réalisateur : Yórgos Lánthimos
- Acteurs : Willem Dafoe, Emma Stone, Margaret Qualley, Joe Alwyn, Mamoudou Athie, Hong Chau, Jesse Plemons
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain, Britannique, Irlandais
- Distributeur : The Walt Disney Company France
- Durée : 2h45mn
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans avec avertissement
- Date de sortie : 26 juin 2024
- Festival : Festival de Cannes 2024
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– Festival de Cannes 2024 : Sélection officielle, En compétition
– Cannes 2024 : Prix d’interprétation masculine pour Jesse Plemons
Résumé : KINDS OF KINDNESS est une fable en tryptique qui suit : un homme sans choix qui tente de prendre le contrôle de sa propre vie ; un policier inquiet parce que sa femme disparue en mer est de retour et qu’elle semble une personne différente ; et une femme déterminée à trouver une personne bien précise dotée d’un pouvoir spécial, destinée à devenir un chef spirituel prodigieux.
- © Festival de Cannes 2024. Tous droits réservés.
Critique : Coécrit avec Efthýmis Filíppo, Kinds of Kindness permet au Yórgos Lánthimos de retrouver trois des interprètes de Pauvres créatures, Emma Stone, Willem Dafoe et Margaret Qualley. Le film ne réconciliera pas les fans et les détracteurs du cinéaste. Les premiers apprécieront la bravoure, le culot de certaines scènes et son goût pour les fables désenchantées, quand les seconds regretteront sa propension à développer des scénarii malins et un mauvais goût ambiant. En toute subjectivité, cet opus nous semble être l’un de ses meilleurs longs métrages, après Pauvres créatures qui ne méritait ni les excès d’honneur (Lion d’or à Venise), ni les indignités. Comme dans cette oeuvre, on retrouve le thème de l’être humain manipulé et privé de libre arbitre, et en particulier dans le premier des trois segments narratifs, qui voit un homme (Jesse Plemons) sous l’emprise totale de son employeur (Willem Dafoe). En échange de rémunérations mirobolantes, ce dernier contrôle la vie de son salarié, y compris les aspects de son intimité, et lui ordonne des missions aussi absurdes que dangereuses.
- Crédit : Atsushi Nishijima
C’est en fait une constante dans le cinéma de Lánthimos, qui avait pu notamment cerner les germes du totalitarisme des mœurs dans The Lobster. Retrouvant l’étrangeté épurée de ses premiers films grecs (Canine et Alps), le réalisateur donne le meilleur de lui-même dans cette première partie, construite sous forme de puzzle, à travers le portrait d’une aliénation radicale. Le choix de développer deux autres histoires successives a été justifié par le cinéaste : « Nous avons commencé par une seule histoire, mais au fur et à mesure que nous travaillions dessus, nous avons pensé que la faire exister au sein d’un film structurellement différent serait beaucoup plus intéressant. Après avoir identifié deux autres récits, nous avons tenu à conserver un fil conducteur thématique afin de leur donner un air de famille. »
- Crédit : Atsushi Nishijima
Jesse Plemons incarne ainsi un mari paranoïaque dans le second segment avant de camper l’époux effacé d’une femme (Emma Stone) persuadée qu’elle a jadis croisé une personne parvenant à ressusciter les morts... Notre préférence se porte nettement sur le premier volet, au suspense hitchcockien, et dans lequel le réalisateur témoigne d’autres influences (conscientes ou non), de Polanski à Lynch en passant par Cronenberg. Le second marque également les esprits, avec une fin à double lecture qui donne l’impression d’avoir assisté à un fantasme similaire à celui de la Belle de jour de Buñuel. Le troisième récit, déroutant, est quelque peu gâché par les tics du réalisateur qui se révèlent dans plusieurs scènes, dont celles avec la vétérinaire ou dans une villa où se déroulent des rites sectaires. Mais l’ensemble est de bonne tenue, Lánthimos ayant le mérite de s’écarter des normes du cinéma consensuel. Il est bien épaulé par ses collaborateurs artistiques et techniques dont le directeur photo Robbie Ryan et le compositeur Jerskin Fendrix.
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