Carnet de santé foireuse - La chronique BD

Résumé :

Mal orienté médicalement depuis sa plus tendre enfance, Poƶla se perd dans un dédale de mauvais diagnostics, face à des médecins englués dans leur pseudo savoir, répondant de façon nauséabonde à la femme de notre dessinateur qui suggéra qu’il put avoir « la maladie de Chrohn », avis qui s’avéra en plein dans le mille au final ! Merci Chérie !

Après une opération très lourde pour désolidariser une partie de ses intestins, l’auteur se plonge alors dans un anti-douleur-ca(ca)rnet-de-dessin, qui deviendra un de ses meilleurs antidotes.
Soudés autour de lui - comme l’était son système digestif déficient - sa famille, sa fille et ses amis font de ce chemin de croix XXXL (Jésus peut aller se reclouer) une balade parfois édulcoré saveur Amour douce-amère, un voyage hallucinatoire au pays de la torture physique et mentale.

Notre avis :

Encore un roman graphique sur soi, nombriliste ?
La réponse est oui, et c’est tant mieux.
Sauf que là, on dépasse de loin le tout-à-l’égo surdimensionné d’un dessinateur, qui se complait dans sa seule propre existence de dépressif !
Ici, ça se situe beaucoup plus en profondeur … entendez : au centre d’une guerre intestine contre cette partie du corps, dans laquelle s’engage l’auteur de ce surprenant, tourmenté et touchant ouvrage…

La douleur part en couleur, on rit jaune du rouge-sang omniprésent, de la noirceur de la mort incarnée par les corbeaux du dehors, à l’affut d’un petit bout de chair qui pourrait être abandonné à eux. Leurs commentaires sont drôles, tranchants, on sent qu’ils en ont vu passer des squelettes qui ont lâchés prise …

Grand corps pourri se bat contre cette maladie-à-vie, il compose petit à petit avec les aléas de sa rémission, il veut « reprendre du poil de la bite » comme il dit après sa première opération, et Dieu sait que l’infirmière lui en a rasé pas mal avant le passage au bloc opératoire et qu’il en a été longuement choqué !
La secte des docteurs débarque régulièrement dans sa villégiature. Point d’intimité et de relâche pour les opprimés de la bonne santé. On leur rabâche les mots-hôpitaux…
Poƶla est drogué à « l’insu de son plein gré », a des visions, tente un sevrage des médicaments ingurgités. Les anti-douleurs ne font pas leur part de boulot, et de toute façon, on le prend pour un douillet.

Lavoisier for ever  : rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme … en excrément pour le moment.
Poƶla se liquéfie, dégouline et merci la bonne copine qui lui recommandera un mode alimentaire lui permettant enfin de trouver un équilibre et remonter la pente. Alléluia !

Dans ce témoignage intime, renversant, Poƶla baisse son froc et laisse sa pudeur dans la cuvette …
Difficile d’arrêter de se pencher sur cette merveille dessinée, on est pris aux tripes (ok elle est facile celle-là), et d’une diarrhée de lecture…
L’extravertie douleur s’accroche sans relâche au trait épuré de Poƶla.
C’est une explosion arc-en-ciel, c’est un contraste noir profond noyant le blanc, ce sont des lignes serpentines, tentaculaires, sangsuesques … Mère douleur a de la rancœur contre ceux qui luttent et veulent l’ignorer.

Un ouvrage à ne pas laisser au « petit coin », au risque d’attraper des hémorroïdes (« pas de station prolongée tu ne feras »>>> 10ème commandement des toilettes).

Et maintenant en fond sonore, vous pouvez toujours écouter le très classe Merdocu de Vincent Malone pour vous décontracter … Enjoy.

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