Oscars 2019
Le 23 février 2019
Adam McKay accouche d’une œuvre coup de poing, et s’assume enfin pleinement comme le cinéaste politique qu’il a toujours été.
- Réalisateur : Adam McKay
- Acteurs : Christian Bale, Sam Rockwell, Steve Carell, Amy Adams, Tyler Perry, Eddie Marsan, Jesse Plemons
- Genre : Comédie dramatique, Biopic
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Mars Distribution
- Durée : 2h12mn
- Date télé : 5 juin 2024 22:34
- Chaîne : Canal+ Cinéma
- Titre original : Vice
- Date de sortie : 13 février 2019
- Festival : Les Oscars 2019, Golden Globes 2019
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Fin connaisseur des arcanes de la politique américaine, Dick Cheney a réussi, sans faire de bruit, à se faire élire vice-président aux côtés de George W. Bush. Devenu l’homme le plus puissant du pays, il a largement contribué à imposer un nouvel ordre mondial dont on sent encore les conséquences aujourd’hui…
Critique : Dick Cheney est un homme bien mystérieux. Passé en quelques années de quasi quidam politique à vice-président des États-Unis, le bonhomme a, durant l’ensemble de sa carrière, parfaitement entretenu les zones d’ombre entourant ses motivations et agissements. Réaliser un biopic sur pareil sujet n’était pas une mince affaire, mais c’est pourtant ce qu’a entrepris Adam McKay avec Vice, dont l’ambition est de retracer la vie et le parcours politique du sieur Cheney, de sa jeunesse de loser patenté aux conséquences dramatiques de sa vice-présidence.
- © 2018 Annapurna Pictures, Plan B Entertainment, Gary Sanchez Productions. All rights reserved.
Adam McKay a toujours injecté une notion politique dans ses films, et sa formule efficace, héritée du Saturday Night Live, était connue de tous : un fond résolument engagé sous une montagne de comique souvent absurde. En ont résultés plusieurs comédies US culte, telles que les deux Ron Burgundy, Ricky Bobby ou encore le très réussi Very Bad Cops. Ce n’est qu’à partir de The Big Short, traitant de la crise des subprimes, que le cinéaste a commencé à prendre sa propre formule à rebours, en injectant cette fois-ci divers éléments de comédie au sein d’un véritable thriller politique. Avec son dernier film, McKay pousse encore plus loin les limites en parvenant à adopter parfois un ton léger (il ne sera pas rare de rire) malgré un sujet terriblement lourd. A l’opposé du biopic académique et prévisible resservi à l’envi au spectateur à longueur d’année, Vice prend le pari de garder le cinéma en ligne de mire et de rester un vrai film de mise en scène. Le film multiplie les trouvailles bienvenues, brise sans vergogne le quatrième mur en s’adressant directement à la caméra et détruit parfois la réalité sans prévenir en basculant dans l’absurde le plus total. Payant et rafraîchissant.
- © 2018 Annapurna Pictures, Plan B Entertainment, Gary Sanchez Productions. All rights reserved.
En première ligne, Christian Bale, en performer de l’extrême, encaisse une énième transformation physique impressionnante, quand bien même le maquillage lui aura prêté main forte. Mais résumer la prestation de l’acteur à sa spectaculaire prise de poids serait une grave erreur : Bale devient littéralement Cheney, et la frontière entre le fantasme et le réel devient floue au cours des deux heures de métrage. Qui aura déjà consulté des images d’archives ne pourra nier l’immense travail fourni (une fois encore) par Bale. Sa prestation est tellement juste qu’elle en devient même parfois embarrassante pour le reste du casting, qui semble parfois aller trop loin dans le registre caricatural, à l’image d’Amy Adams et Steve Carell, parfois en roue libre, surtout pour le dernier cité. Reste Sam Rockwell, parfaitement convaincant en George Bush Junior, même si l’angle d’approche du personnage pourra faire réfléchir : continuer à définir l’ex-président des États-Unis comme un simplet naïf et peu au fait des agissements de son colistier semble au mieux cynique, au pire extrêmement complaisant. Même aujourd’hui, l’accession au poste suprême de la première puissance mondiale peut relever de beaucoup de choses, mais certainement pas du hasard.
Alors oui, le versant ouvertement partisan du métrage pourra diviser. Vice est une œuvre qui ne cherche à convaincre personne, mais simplement à exprimer un point de vue, aussi radical et unilatéral soit-il. Les opinions politiques de McKay and Co ne sont pas secrètes, et personne ne sortira de la salle les convictions bousculées. Mais restera tout de même le souvenir d’une très bonne comédie politique, qui choque puis fait sourire en un quart de seconde mais surtout, aura eu le courage de choisir son camp.
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.