Légendes vivantes - la critique du film

© 2013 Paramount Pictures. Tous droits réservés/All rights reserved.

Notre avis : A la suite de leur coentreprise la plus convenue (Very Bad Cops, par ailleurs plus gros succès du duo en France avec plus de 500 000 entrées), Adam McKay et Will Ferrell décident, en 2013, de donner suite au personnage le plus iconique qu’ils aient créé : Ron Burgundy. Celui-ci les avait révélés en 2004 dans un premier long-métrage tordant et généreux (La légende de Ron Burgundy). Le budget est multiplié par deux et s’élève à cinquante millions, et toute l’équipée originelle est de retour : Ferrell, donc, mais aussi Carell, Rudd, Koechner, Christina Applegate et Fred Willard. Au vu de ses résultats, la comédie semblait plus attendue : la mise de départ est multipliée par 2,5 sur le sol américain, et s’élève à plus de 125 millions de dollars de recette, en sus de 46 millions de billets verts empochés à l’étranger. Evidemment, point de sortie en France, où le premier épisode avait fait les frais d’une sortie technique. Le long-métrage devient ainsi le plus gros succès du duo à l’international, et son deuxième plus gros score sur le sol américain (derrière le champion Ricky Bobby et ses presque 150 millions de dollars de recette). Un retour en grâce du présentateur le plus abêti qui soit, qui poussera le distributeur à diffuser en salles la version longue non censurée de cette suite (une vingtaine de minutes supplémentaires offerte aux aficionados).

© 2013 Paramount Pictures. Tous droits réservés/All rights reserved.

Renvoyé par Mack Tannen, présentateur légendaire incarné par Harrison Ford en apparition drolatique, et quitté par sa femme, toujours jouée par Christina Applegate, Ron Burgundy se voit approché par le représentant de la chaîne GNN, premier canal dédié à l’information en continu, pour lequel il va ré-assembler sa légendaire équipe. Toujours écrit par les deux trublions, Légendes vivantes se veut avant tout comme un film de (re)formation d’équipe (alors que le premier se concentrait sur le couple Burgundy-Corningston), et est donc davantage dédié aux personnages de Rudd, Carell et Koechner, qui connaissent respectivement une introduction fameuse, preuve que les curseurs sont poussés dans le rouge, souvent pour le meilleur : entre une collation loufoque à base de chauve-souris et une scène de carambolage burlesque, l’humour décalé qui étire les scènes jusqu’à l’épuisement émanant de la bêtise de ses personnages atteint fréquemment des sommets. Mais toutefois, la comédie n’évite pas quelques écueils : le rythme un peu boiteux du film, qui connaît certaines longueurs dues à sa durée copieuse – deux heures, soit une demi-heure supplémentaire par rapport au premier épisode –, une formule narrative toujours calquée sur l’imprescriptible schéma dramatique de la chute suivant la gloire, précédent la résurrection agrémentée d’une rédemption. spécifique).

Mais, outre les partitions délirantes d’une distribution de choix (Ferrell et Carell, superbes demeurés, en tête de gondole), c’est le cinéaste qui fait preuve, et d’une aisance plus talentueuse derrière la caméra, et d’une ardeur plus incisive lorsqu’il se fait l’observateur des transformations de la méthode journalistique, les chaînes étant notamment financées par les industriels, qui ne se privent pas de censurer l’information. Ces mutations (apparition des chaînes d’information en continu, « mensonge » et patriotisme allègrement débité pour plaire à l’audience et suivi de l’information « en direct », plus spectaculaire que didactique), parfois instigués par les présentateurs ineptes, sont des instants où le rire se gèle et le propos se pare d’une certaine gravité, n’entachant cependant en rien le ton réjouissant du long-métrage, mais en faisant simplement varier ses nuances, et devance la suite de la carrière du réalisateur, toujours menée par le rire, mais plus corrosif et railleur que rieur.