Le 25 avril 2024
Comme Le clair de terre et Absences répétées, le film confirme l’originalité de ton du réalisateur Guy Gilles dont l’œuvre reste méconnue.
- Réalisateur : Guy Gilles
- Acteurs : Jeanne Moreau, Sami Frey, Howard Vernon, Delphine Seyrig, Guy Bedos, Guy Gilles, Patrick Jouané, Anouk Ferjac, Caroline Cartier, Philippe Chemin, Jean-Marie Proslier
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Les Acacias
- Durée : 1h32mn
- Reprise: 8 mai 2024
- Date de sortie : 14 mai 1975
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– Sortie en version restaurée : 8 mai 2024 dans une double programmation comprenant aussi Aloïse
Résumé : Un dénommé Karl vient, sur contrat, d’exécuter un bistrotier. Le commanditaire de l’assassinat, un certain Monsieur Paul, propose au jeune homme une autre exécution. Cette fois-ci, la victime qui se prénomme Kate et habite dans une vaste demeure au bord de l’eau, va rapidement exercer une étrange fascination amoureuse sur le tueur.
Critique : De L’amour à la mer à Nuit docile, en passant par des courts métrages et des téléfilms, Guy Gilles est l’auteur d’une œuvre attachante et cohérente, qui n’a pas encore sa place dans les histoires du cinéma, malgré une rétrospective que la Cinémathèque française lui a consacré en 2014. On retrouve dans Le jardin bascule la sensibilité déployée dans ses meilleurs films, à savoir Le clair de terre et Absences répétées. Un truand (Howard Vernon) demande à Karl, un jeune tueur à gages (Patrick Jouané), d’éliminer Kate, une élégante bourgeoise (Delphine Seyrig). Cette dernière réside dans une luxueuse villa au bord de la Seine, avec son compagnon (Sami Frey). Karl s’y rend avec son complice Roland (Philippe Chemin). Mais rien ne se passe comme prévu et une idylle se noue entre Karl et Kate... À vrai dire, le scénario et le synopsis policier, bien que subtils, comptent moins que l’ambiance tchekhovienne et proustienne, ainsi que les motifs et la poésie qui se dégagent de ce long métrage situé en cadre bucolique.
- Philippe Chemin, Jeanne Moreau, Patrick Jouané, Delphine Seyrig
- © 1974 Scorpion V, Off Production, TF1 Studio. Tous droits réservés.
On retrouve des constantes du cinéma de Guy Gilles, à savoir la rêverie juvénile, une mélancolie onirique discrète, et la peur suscitée par le passage des ans. Dans un entretien avec Jean-Claude Guiguet publié dans Hard International (1975), Guy Gilles pouvait préciser : « Le film est aussi l’autopsie d’une passion. Comment naît l’amour ? À quelles contradictions se heurte-t-il ? Désir de possession et désir d’indépendance. Romantisme de la rupture, de l’absolu et de la mort. Qu’y a-t-il encore dans la tête d’une femme qui ne veut plus regarder sa propre image ? ». De surcroît, la connotation autobiographique donne au récit une troublante résonance, Karl étant l’alter ego du cinéaste, qui se projette sans doute aussi dans cette femme à la fois audacieuse et désabusée, réalisant l’éloignement de ses années de jeunesse. On appréciera également une digression réjouissante avec un invité pied-noir (Guy Bedos) qui confirme le leitmotiv du souvenir de l’Algérie française, une thématique chère au réalisateur.
- Patrick Jouané, Delphine Seyrig
- © 1974 Scorpion V, Off Production, TF1 Studio. Tous droits réservés.
Même si le cinéma de Guy Gilles est singulier, on pourrait par ailleurs le rapprocher de celui de Paul Vecchiali, par sa description d’amours quasi interdites, son parfum nostalgique, son mélange de pittoresque et d’incantation. Le goût des seconds rôles est un autre point commun, et ils ne sont pas le moindre charme de ce Jardin qui bascule, de Jean-Marie Proslier en bistrotier à Anouk Ferjac en confidente. Ajoutez à cela une délicieuse chanson (Pour toi) interprétée et coécrite par Jeanne Moreau, qui apparaît dans une scène, et la correspondance avec l’auteur de Femmes femmes, qui incrustait des mélodies dans certains films, est affinée. Enfin, les fans de Delphine Seyrig seront comblés et elle y est une fois de plus admirable. La même année 1975, elle était également à l’affiche de Jeanne Dielman et Aloïse. Le jardin qui bascule a été restauré en 4K par TF1 Studio à partir du négatif image original 16mm et du négatif son 16mm au laboratoire VDM avec le soutien du CNC. Les Acacias le distribue en salle le 8 mai 2024.
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