Le 13 décembre 2022
Chen Lemin nous raconte son parcours, son éducation, son abandon de la peinture et son retour à l’art après la cinquantaine. Chen Feng, sa fille, conclut ce livre avec un texte où elle nous livre les souvenirs qu’elle garde de son défunt père. Un ouvrage magnifique.


- Auteurs : Chen Lemin, Chen Feng
- Editeur : Editions Philippe Picquier
- Genre : Beaux Livres
- Nationalité : Française
- Traducteur : Jean-Claude Pastor
- Date de sortie : 16 septembre 2021
- Plus d'informations : Site de l’éditeur

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Résumé : L’ouvrage revient sur la vie et l’œuvre peinte et calligraphiée de Chen Lemin. L’auteur raconte sa jeunesse dans un texte d’introduction avant de laisser parler ses toiles annotées, au croisement des cultures d’orient et d’occident.
Critique : L’introduction d’une vingtaine de pages où Chen Lemin raconte son enfance nous met tout de suite en contact avec le style, la vie de l’auteur. Sa riche famille a perdu tous ses biens au fil du temps. Arrive la période sombre de la révolution culturelle. La seule information que nous saurons est que Chen Lemin a dès lors renoncé à la peinture et à la calligraphie. Ce n’est que dans les années quatre-vingt, quand le régime s’assouplira, qu’il reprendra ses pinceaux et trouvera enfin un équilibre, malgré la maladie.
L’ouvrage raconte, à partir d’une écriture simple, un parcours étonnant et évoque par bribes une époque complexe.
Puis s’enchaînent les peintures et les calligraphies. Puisant dans la culture classique, Chen Lemin s’inspire de différents styles. L’auteur le reconnaît lui-même, passant d’un artiste à l’autre, multipliant les essais et joignant même l’emploi des aquarelles à la technique classique. En effet, l’artiste emprunte autant aux plus grands qu’aux touts petits, car ce sont les dessins des enfants et surtout de sa petite-fille qui lui ont donné cette idée.
Chaque peinture comporte un poème, une mention, une citation et toutes sont traduites. Nous pénétrons doucement dans les vingt dernières années de la vie de cet homme de lettres. Alors que les pages se tournent, on s’arrête pour observer une montagne sortant des brumes, les craquelures de l’écorce d’un pin centenaire, les traits fins qui donnent des toitures, les couleurs qui se mêlent sans se mélanger, cette encre qui se brosse et marque la feuille, autant qu’elle glisse dessus.
Notre plaisir ne s’arrête pas là car, en complément de ces toiles, plusieurs calligraphies de Chen Lemin sont aussi présentes dans ce livre.
Caractères de différentes tailles, tracés d’une main tremblante ou énergique, nous laissent imaginer le pinceau tenu. On ressent la sérénité derrière la main, déjà atteinte par la maladie.
Tout ce travail artistique n’était destiné qu’à lui. Ce lettré offrait quelques-unes de ses créations à ses amis. Celles-ci n’ont jamais été vendues, ni même exposées de son vivant. Ces moments d’invention étaient son havre de paix, où il se retrouvait seul avec lui-même et son immense culture, à cheval sur deux mondes, l’Europe et la Chine.
Copyright Éditions Philippe Picquier
Chen Lemin nous a quittés à l’âge de soixante-dix huit ans. Mais il reste parmi nous à travers ses toiles, ses poèmes, ses citations des classiques.
Le dernier lettré présente les magnifiques peintures et calligraphies de Chen Lemin et raconte une vie étrange, où un homme, après s’être coupé de lui-même pendant plus de trente ans, a fini par se retrouver en renouant avec la pratique de l’art.
176 pages- 24€