Le 14 février 2024


- Scénariste : Christophe Bec>
- Dessinateur : Christophe Bec
- Collection : Fantastique (Soleil)
- Genre : Aventure, Science-Fiction
- Editeur : Soleil
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 6 décembre 2023
Une BD ambitieuse et artistique, dans la lignée de Metal Hurlant.
Résumé : Dans un futur post-apocalyptique, des réfugiés survivent dans de froides montagnes et des bunkers géants, entre clans adeptes de technologies et tribus de chasseurs rompus aux parois de glace et aux usines désaffectées...
Critique : En achevant Zero Absolu et Bunker, Christophe Bec devait probablement sentir qu’il n’en avait pas fini avec cette ambiance de soldat confronté à l’infini, au froid et aux hauteurs. En relisant un vieux (ou un nouveau d’ailleurs) numéro de Metal Hurlant, il s’est éventuellement dit qu’un ouvrage se devait d’être ambitieux, pouvait être plus qu’une simple bande dessinée, pour exprimer ce qu’il avait déjà ébauché, mais pour le sublimer cette fois : de la montagne, de la glace et des roches, une nature griffée par le temps et les éléments, non pas sculptée par l’homme. Toutefois, Bec y a introduit ses mercenaires sans visages, ses éclaireurs armés aux gilets de kevlar et aux lunettes de visée, mais sans les développer, sans les faire aimer ou vraiment s’entretuer, si ce n’est dans des nouvelles qui ne sont pas sans rappeler un Ravage ou La Route pour l’atmosphère, une s’intitulant par ailleurs Metal Hurlant et donnant une indication très efficace pour expliquer ce nom. Quelques héros et héroïnes épars viennent ajouter une touche de récit mais sans volonté de les détailler, de les poursuivre, car ils ne sont qu’adjacents dans cette œuvre, et non protagonistes.
© Soleil / Bec
Les vrais protagonistes de ces pages sont les paysages, non pas flamboyants mais glacials, où des formes de bases militaires, complexes miniers ou scientifiques se greffent comme des cicatrices noires, seuls vestiges d’une humanité qui a choisi de mettre fin à elle-même par une guerre nucléaire généralisée. Les pages sont des planches souvent destinées à un seul dessin, immense, voire s’étalant sur plusieurs, pour permettre une immersion du lecteur devenu spectateur, comme devant un tableau. On devine une influence romantique d’un certain voyageur devant une mer de nuages, les cathédrales en ruines ayant été remplacées par des baraquements éventrés, mais les rochers sont toujours aussi imposants, toujours aussi importants.
© Soleil / Bec
Œuvre majestueuse, Inexistences envisage la science-fiction ou l’anticipation comme digne d’être artistique, venant comme parachever les grands auteurs comme Moebius, Bilal et Druillet qui lui avaient donné ses premières lettres de noblesse.
152 pages – 29,95 €