Le 23 avril 2025
Après une très longue absence sur les écrans, le grand raconteur d’histoires d’Indochine se prend les pieds dans un tapi ambitieux mais truffé d’invraisemblances.


- Réalisateur : Régis Wargnier
- Acteurs : Anne Azoulay, Clovis Cornillac, Andrzej Seweryn, Louis-Do de Lencquesaing, Antoine Pelletier, Julien de Saint Jean, Julia de Nunez, J.C. Lin
- Genre : Drame, Romance
- Nationalité : Français
- Distributeur : Nour Films
- Durée : 1h44mn
- Date de sortie : 16 avril 2025

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Résumé : Quelques heures avant l’attribution de sa troisième étoile, le célèbre chef Paskal Jankovski disparaît avec son second lors d’une partie de chasse. À vingt ans, sa fille Clara se retrouve seule aux commandes du restaurant. Deux ans plus tard, elle reçoit une mystérieuse invitation pour Taïwan...
Critique : Les disparitions en tout genre nourrissent ardemment l’actualité des faits divers. C’est ce qui arrive au grand chef Pascal Jankovski et son second, laissant à leur fille et amante respectives un restaurant en plein succès, qui s’apprête à recevoir sa troisième étoile du Michelin. Cela sent le roussi, dirait l’autre, d’autant que Clara, toujours traumatisée par la disparition de son père et de son compagnon, se retrouve curieusement invitée à participer à un colloque international de cuisine à Taïwan. Toute la première partie, portée avec brio par Clovis Cornillac, raconte le dur métier de cuisinier, dont l’exigence peut prêter à des comportements peu scrupuleux du respect de l’autre. Alors, on se dit que cette disparition n’en est pas vraiment une mais qu’elle maquille un crime crapuleux où la vengeance, la jalousie et le désir de réussite ont sans doute leur part d’explication.
Il faut donc attendre la deuxième partie à Taïwan dans les lustres de la bonne bouffe asiatique où notre jeune héroïne, physiquement transfigurée, est semble-t-il entraînée dans curieux guets-apens. De la comédie dramatique romantique, comme Régis Wargnier a su si bien le faire, on tombe dans une sorte de thriller qui ne dit pas son nom où certains, dont un critique gastronomique, sont certains de la survie du grand chef et de sa présence dans un luxueux restaurant de Taïwan. L’histoire s’embarque alors dans une drôle de direction où l’invraisemblance totale prend le pas sur l’intensité romanesque de la première partie.
- Copyright Nour films
Le retour de Régis Wargnier sur les écrans n’est donc pas du meilleur cru. On retrouve pourtant son immense talent à filmer des paysages merveilleux, d’autant plus que la technique cinématographique a avancé, les travellings ou les survols de forêts tropicales étant remplacés par l’usage du drone. Le cinéaste n’a pas perdu de sa faconde dans le récit des amours contrariées et de l’aspiration des êtres à l’émancipation intellectuelle et sociale. Mais cette belle énergie est très vite mise en échec par un scénario boiteux, qui ne parvient pas à convaincre le spectateur de l’intérêt de cette fiction. En réalité, rien ne tient debout. On sait aujourd’hui que disparaître au bout du monde est une chose impossible, à l’heure de l’intelligence artificielle et de la surveillance généralisée sur Internet. Bref, cette disparition ne tient pas la route et finit par perdre le spectateur dans un sentiment confus, tant on ne sait s’il s’agit d’un policier raté ou d’une romance ambitieuse.
La production y a mis pourtant les moyens, avec notamment une collection de jeunes acteurs, tous très séduisants, qui semblent arrachés à un festival de coquetterie ou de mode. L’aspect très papier glacé ou carte postale du film précipite définitivement le propos dans un ennui pas forcément magistral mais en tout cas absolument pas à la hauteur de ce qu’on pourrait attendre de Régis Wargnier. L’ennui peut-être dans cette critique est de coller à ce cinéaste important le souvenir des grands films qui ont jalonné sa carrière et de faire fi que son œuvre évolue au gré du temps, des équipes qui se succèdent. En l’occurrence, le grand défaut du long-métrage demeure l’écriture alambiquée et pas du tout crédible.
- Copyright Nour films
La réparation est une œuvre que nous aurions adoré aimer. Son caractère poussif, ses invraisemblances majeures ne font que détourner du regard le spectateur qui aurait pu se passionner par le portrait de cette jeune femme déterminée, embarquée dans les paysages de toute splendeur de Taïwan. Le début en costumes d’époque laisse présager un récit universel, aux dans la lignée d’Indochine où Catherine Deneuve brillait aux côtés de Vincent Perez, Jean Yanne et Dominique Blanc. Là, tout n’est que superficialité, médiocrité, en dépit de ces plats succulents qui se préparent sous les yeux du spectateur. On espère qu’on aura avant dix ans un nouveau film de Wargnier avec la hauteur narrative dont le réalisateur est un illustre représentant.