Le 7 décembre 2019
Une plume superbe, une chronologie éclatée ou plutôt fusionnée et ramassée, saisissante, une histoire bouleversante. Un prix Médicis amplement mérité !
- Auteur : Luc Lang
- Collection : La Bleue
- Editeur : Stock
- Genre : Roman
- Nationalité : Française
- Prix : MÉDICIS
- Date de sortie : 21 août 2019
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur
- Festival : Rentrée littéraire 2019
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Résumé : C’est l’histoire d’un monde qui bascule. Le vieux monde qui s’embrase, le nouveau qui surgit. Toujours la même histoire… et pourtant. François, chirurgien, la cinquantaine, aime chasser. Il aime la traque, et même s’il ne se l’avoue pas, le pouvoir de tuer. Au moment où il va abattre un cerf magnifique, il hésite et le blesse. À l’instant où il devrait l’achever, il le hisse sur son pick-up, le répare, le sauve. Quel sentiment de toute-puissance venu du fond des âges l’envahit ? Quand la porte du relais de chasse en montagne s’ouvre sur ses enfants, que peut-il leur transmettre ? Une passion, des biens, mais en veulent-ils seulement ? Son fils, banquier, a l’avidité du fauve. Sa fille, amoureuse éperdue, n’est plus qu’une bête traquée. Ce sont désormais des adultes à l’instinct assassin. Qui va trahir qui ? Luc Lang a écrit ici son histoire familiale de la violence. Son héros croit encore à la pureté. Cet ample roman nous raconte superbement sa chute et sa rédemption.
Notre avis : Luc Lang écrit un hymne à la nature, à la beauté du monde qui s’enflamme. Son héros, François, est un chasseur qui n’attend plus grand-chose de la vie, à part profiter un peu plus de ses deux grands enfants qui lui ont été enlevés par l’amour, revoir sa femme disparue dans un couvent et pouvoir continuer à opérer dans la clinique qu’il contrôle. La chasse, il ne semble plus y prendre tant de plaisir que cela : pourquoi tuer quand la nature est si belle ? Pourquoi mettre fin à la traque, alors que l’animal pourrait garder toute sa majesté et ne pas s’écrouler au sol ? Un parallèle entre le cerf et l’homme est dressé durant tout le roman, chasseur, chassé, proie et prédateur se confondent, les rôles sont flous et instables.
Pour rendre compte de cette tension dans l’air, de cette énergie qui déborde des personnages à fleur de peau, Luc Lang a choisi des mots simples mais puissants, est parvenu à trouver chacun des termes qui sonneraient justes, sans jamais se tromper. Le temps joue également un rôle primordial dans La tentation ; l’auteur jongle avec les codes et renoue avec la règle des trois unités, qui était en vogue au temps des tragédies classiques. Un seul lieu, ce refuge perdu dans les bois, encerclé de routes verglacées presque impraticables, une seule intrigue qui est à l’origine de tout le reste, et une seule journée, une seule journée ou presque, mais qu’il ne choisit de nous livrer que par bribes. Ne pas en dévoiler trop d’un coup. Alors ces vingt-quatre heures sont répétées, tantôt débutant quelques heures plus tôt, tantôt finissant quelques heures plus tard, pour qu’il n’en sélectionne finalement plus qu’une fraction. Les sentiments, les émotions fortes sont palpables, ou si près de l’être, les liens du sang et les relations tendues, maladroites, mais finalement tendres paraissent comprises mieux que dans n’importe quelle œuvre.
L’homme est un animal traqué, un animal raisonnable, mais pas tant que cela, un animal dont la nature civilisée ne tient qu’à un fil, un animal qu’un rien peut refaire basculer de l’autre côté – celui du sang, de la sauvagerie, du chasseur chassé.
Luc Lang - La tentation
Éditions Stock
360 pages
135 x 215 mm
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