Amstergow en 8 jours - La chronique BD

Fin de la Deuxième Guerre mondiale, dans un port d’Europe. Une mère regarde s’embarquer son fils et tente de le ramener à la raison. En vain : Thadee de Latchkey s’est porté volontaire pour réactualiser le guide touristique d’Amstergow. Tant pis si la ville, glauque mélange d’Amsterdam et de Glasgow, ne plaît pas à maman qui aurait voulu que fiston choisisse une destination séant mieux à sa noble condition. Entièrement cadrée sur la mère, l’ouverture de cet Amstergow en 8 jours, second album de Tanitoc, fait fort. Et la suite reste à la hauteur.

Sombre, pluvieuse, anguleuse, Amstergow rappelle ces cités visitées par le cinéma expressioniste allemand. Ses ruelles brumeuses n’ont pas vu de touriste depuis des années et le reporter est accueilli en espèce rare. Mais ses motivations ne sont pas celles qu’il affiche : Thadee est venu chercher des traces de son père, victime, comme il l’apprendra bientôt, d’une magouille politico-immobilière.

Entre un dessin à l’encre de Chine où les traits se distinguent parfois difficilement et un récit quelque peu emberlificoté, pas toujours facile pour le lecteur de suivre cette enquête. Mais c’est précisément ce qui fait le charme de l’album et sa cohérence, permettant ainsi à l’auteur d’ajouter, sur la fin, une petite touche fantastique. Sans en avoir la richesse ni la profondeur symbolique, Amstergow fait alors penser à Lanark, d’Alasdair Gray, chef de file de l’école de... Glasgow, un roman dans lequel un jeune homme débarque lui aussi dans une ville mystérieuse. Voisinage volontaire ou non, peu importe : il prouve la qualité de l’ouvrage.