La vengeance d’une femme
Le 15 février 2021
En se penchant sur un fait divers d’infanticide, Lafosse prolonge son introspection de l’âme humaine meurtrie. Le drame qui se prépare est d’autant plus suffocant que le spectateur en connaît d’emblée l’issue fatale et plus encore la véracité...
- Réalisateur : Joachim Lafosse
- Acteurs : Émilie Dequenne, Niels Arestrup, Nathalie Boutefeu, Yannick Renier, Tahar Rahim, Baya Belal, Stéphane Bissot
- Genre : Drame, Film pour ou sur la famille
- Nationalité : Belge, Luxembourgeois
- Distributeur : Les Films du Losange
- Durée : 1h54mn
- Date télé : 15 février 2021 23:07
- Chaîne : TV5 Monde
- Date de sortie : 22 août 2012
- Festival : Festival de Cannes 2012
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Résumé : Murielle et Mounir s’aiment passionnément. Depuis son enfance, le jeune homme vit chez le docteur Pinget, qui lui assure une vie matérielle aisée. Quand Mounir et Murielle décident de se marier et d’avoir des enfants, la dépendance du couple envers le médecin devient excessive. Murielle se retrouve alors enfermée dans un climat affectif irrespirable, ce qui mène insidieusement la famille vers une issue tragique.
Critique : Il est de ces faits divers que la Belgique n’est pas prête d’oublie, de ceux dont il aura fallu quelques années pour définitivement panser les plaies de la douleur, surtout lorsque les victimes sont de jeunes enfants. Face à l’abomination et l’incompréhension de ce quintuple meurtre résultant de la folie passagère d’une mère se transformant pour le coup en une sorte de Médée contemporaine, Joachim Lafosse cherche moins à excuser le geste mûrement réfléchi et répété qu’à éclaircir les raisons qui l’ont peut-être poussée à agir de la sorte. Le cinéaste belge dont la maturité pousse à l’admiration au vu de son jeune âge aurait amplement mérité de figurer au sein de la compétition officielle en lice pour la Palme d’or lors du dernier festival de Cannes. Irréfutablement, tant le Grand Prix du jury semblait parfaitement lui correspondre (et cela alors que Matteo Garrone l’avait déjà reçu pour Gomorra, autrement plus inspiré que Reality). Lafosse a toujours su faire preuve d’une grande intelligence pour explorer l’ambiguïté de l’individu qui se retrouve au cœur de toute son œuvre (laquelle n’en est pourtant encore qu’à ses balbutiements). La maîtrise psychologique force le respect puisqu’à aucun moment il ne se permet de porter de jugements sur la teneur d’actes proscrits par notre société (aussi extrêmes soient-ils !), laissant ainsi le spectateur libre de forger sa propre opinion. Le malaise suscité par son précédent opus (Élève libre) devait beaucoup à l’affaire Dutroux, trop présente encore à l’esprit de pas mal de gens. Quant à l’intention de Joachim Lafosse de porter à l’écran ce fait divers belge survenu cinq ans auparavant, certains n’ont pas hésité à crier au scandale. Quoi qu’il en soit, le réalisateur de Nue propriété n’a pas peur de braver le danger ; et il le fait même brillamment, à l’instar d’un certain Claude Chabrol plus d’une fois avant lui ! Pour mener à bien cette entreprise périlleuse, il a reformé le duo Niels Arestrup/Tahar Rahim, déjà réuni sous la houlette de Jacques Audiard pour le non moins viril Un prophète. Tout un symbole sous-jacent, dès lors que les deux hommes auront leur part de responsabilité dans la lente descente aux enfers de ce bout de femme magistralement interprété par Émilie Dequenne. Plus le temps passe, plus l’étau se resserre pour finir par rendre irrespirable, voire anxiogène cette tragédie grecque moderne orchestrée de main de maître par le démiurge Joachim Lafosse.
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