Le 14 janvier 2019
Trop démonstratif, trop appuyé, ce film surprend par des séquences d’émotion et de tension qui résistent à l’excès de symboles et au discours moralisant.
- Réalisateur : Fred Zinnemann
- Acteurs : Spencer Tracy, Signe Hasso, Felix Bressart, Hume Cronyn
- Genre : Drame, Film de guerre, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Warner Bros. France
- Editeur vidéo : Warner Bros Records
- Durée : 1h52mn
- Box-office : 133 052 entrées France
- Titre original : The Seventh Cross
- Date de sortie : 21 juillet 1948
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– Année de production : 1944
Résumé : Sept prisonniers parviennent, en 1936, à s’échapper d’un camp de concentration allemand. Ils ont pour objectif de retrouver un homme qui pourra leur fournir papiers et argent. Alors que l’un des prisonniers, Wallau, se fait capturer et torturer à mort, le reste de la troupe poursuit son évasion...
Notre avis : La septième croix est une œuvre de propagande et, en tant que telle, pas très portée sur la nuance, d’autant qu’elle est encombrée d’un fatras mystico-humaniste : ainsi le narrateur meurt-il, son trajet spirituel symbolisé par un travelling dans les nuages, mais il continue son travail de voix off puisqu’il veut que son ami George, échappé comme lui d’un camp de concentration, retrouve foi en l’humain. Cette optique nous vaut aussi des discussions sur la valeur d’une vie lorsqu’un autre évadé le pousse à se rendre, ou des commentaires abondants et parfois sirupeux sur l’action. Impossible d’oublier que le scénario est une parabole, puisque le narrateur ne cesse de le rappeler en interprétant continuellement (« quelque chose commença à s’éveiller en lui »…). Bref, pour l’essentiel, le troisième film de Fred Zinnemann tient du discours pachydermique : on comprend qu’en 1944 ce type de propagande ait eu son utilité, et même sa nécessité. On peut même louer la sincérité et l’engagement du cinéaste et de l’équipe. La pilule est aujourd’hui plus difficile à avaler.
Et pourtant, plus on avance dans le métrage, moins on fait attention à sa lourdeur, bien qu’elle reste présente ; d’abord parce que, même jeune, Zinnemann a un certain sens de l’image : les recherches dans la brume, la poursuite dans les rues, ou des plans plus simples mais bien composés comme dans les séquences d’interrogatoire, atteignent sans peine un bel équilibre classique. Mais ce qui retient surtout l’attention, c’est la description paranoïaque d’une Allemagne gangrenée par le nazisme : l’ancienne amie de George le renie (elle a épousé un autre homme), les enfants aident à traquer les fugitifs, les braves gens se distraient en suivant une poursuite sur les toits (dans une belle séquence dépouillée) et même l’ami qui l’héberge trouve qu’on vit mieux sous Hitler. Dans ces conditions, il est naturel que tout regard appuyé soit une menace potentielle, celui d’une serveuse ou celui d’un passant et, même si la morale est simpliste, cette atmosphère finit par conférer au film une tension certaine, voire, dans de rares moments, une belle émotion.
Cela ne saurait dissiper la pesanteur de l’ensemble, appuyée encore par des séquences élégiaques du plus mauvais effet. Néanmoins, grâce à des comédiens éprouvés (Spencer Tracy n’est pas toujours très fin, mais les seconds rôles font le travail, impeccablement, à l’image de Hume Cronyn, Signe Hasso ou Felix Bressart), à la photo splendide de Karl Freund (qui collabora avec Murnau) et à ces moments forts qui ne cèdent pas au didactisme, La septième croix vaut mieux que son message.
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