Les nouvelles sont courtes, sèches, pleines d’amertume et de fatalité. La plume est incisive, belle, poétique et sûre d’elle. Mercedes Deambrosis signe un petit recueil de textes qui éblouissent par leur façon de raconter la guerre d’Espagne et Franco. Car tous ces récits ont en commun le début de la guerre civile, point d’orgue d’instants volés au quotidien de personnages très ordinaires.

D’un côté il y a les phalangistes, de l’autre les rouges. Et, au centre, des hommes et des femmes qui s’arrangent pour sauver leur peau au risque d’y abandonner leur conscience, d’autres qui continuent de vivre en refusant de voir la terreur envahir tout un peuple. Les mères souhaitent toujours de beaux mariages pour leurs filles, les voisins continuent de s’apprivoiser au jour le jour. Un peu comme si personne n’avait conscience du basculement irréversible de ce pays dans la dictature.

Malgré les exécutions, les viols, les dénonciations, les traîtrises et la torture, on continue de privilégier ses intérêts et son confort. Comme si de rien n’était. Parce que la guerre, c’est toujours celle de quelqu’un d’autre, c’est toujours celle que l’on regarde de loin avant qu’une balle ne siffle à vos oreilles. Sur cette "Promenade des délices", à Madrid, les phalangistes exécutent ceux qu’ils appellent les "terroristes". Un paradoxe à l’image de ces nouvelles, écrites avec le cœur et racontant la haine.