Carthago T.11 et T.12 – Christophe Bec, Ennio Bufi – la chronique BD

Carthago s’était clôturée avec un dixième tome qui a tenu le lecteur en haleine jusqu’aux dernières pages grâce à un scénario extrêmement bien maîtrisé. Alors que l’on pensait la saga définitivement terminée, le scénariste Christophe Bec a décidé de prolonger le plaisir en proposant deux nouveaux tomes qui dévoilent l’histoire de Kane, le père biologique de Lou Melville, l’hybride au cœur de la série. Contrairement à ce que lecteur pourrait initialement penser, les tomes 11 et 12 constituent un préquel qui se déroule avant les événements du premier tome, mais il est tout de même recommandé d’avoir lu le reste de la saga avant d’ouvrir ces deux volumes puisque l’on retrouve des personnages récurrents de l’intrigue principale, comme Feiersinger et Donovan. Kane constitue un spectre dans l’intrigue principale, où il est mentionné à plusieurs reprises sans que l’on ne sache véritablement grand-chose sur son parcours. Christophe Bec s’est donc saisi de cette matière pour construire son récit, dessiné par l’italien Ennio Bufi à l’œuvre depuis le sixième tome.

Christophe Bec et Ennio Bufi – Éd. Humanoïdes associés

On retrouve dans le diptyque consacré à Kane les ingrédients qui ont fait le succès de la BD : une trame narrative bien ficelée à la frontière entre le récit d’aventure et le fantastique, accompagné par un dessin réaliste composé d’aplats de couleurs. Comme l’intrigue principale, le scénario fait voyager le lecteur et consacre une place centrale au Mégalodon, ce requin préhistorique terrifiant censé avoir disparu il y a plusieurs centaines de milliers d’années. Ces deux nouveaux opus reprennent les questionnements sous-jacents, comme le rapport destructeur que l’homme entretient avec son environnement. Si le Mégalodon est bien un super-prédateur doté d’une incroyable capacité de destruction – il suffit de s’arrêter sur les planches qui montrent le squale géant détruire un navire d’un coût de mâchoire pour s’en convaincre –, Carthago montre à travers Kane que l’homme est bien l’ultime destructeur.

Christophe Bec et Ennio Bufi – Éd. Humanoïdes associés

S’il n’apporte pas de révélation fracassante, ce diptyque séduira sans mal les lecteurs de Carthago, tant il reprend les codes de la série principale. Cette nouvelle sortie présente également l’avantage de remettre en lumière une saga d’aventure très réussie qui met en avant des interrogation centrales de notre époque.