Du rififi chez les hommes
Le 20 janvier 2021
Après deux longs métrages exceptionnels, James Gray atteint les limites de son art, avec une tragédie moderne maladroite et ambiguë.
- Réalisateur : James Gray
- Acteurs : Joaquin Phoenix, Mark Wahlberg, Eva Mendes, Robert Duvall, Tony Musante
- Genre : Drame, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Thriller, Policier
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Wild Bunch Distribution
- Durée : 1h54mn
- Date télé : 17 septembre 2024 21:33
- Chaîne : Ciné+ Premier
- Titre original : We Own the Night
- Date de sortie : 28 novembre 2007
- Festival : Festival de Cannes 2007, Sélection officielle Cannes 2007 (en compétition)
Résumé : New York, fin des années 80. Bobby est le jeune patron d’une boîte de nuit branchée appartenant aux Russes. Avec l’explosion du trafic de drogue, la mafia russe étend son influence sur le monde de la nuit. Pour continuer son ascension, Bobby doit cacher ses liens avec sa famille. Seule sa petite amie, Amanda est au courant : son frère, Joseph, et son père, Burt, sont des membres éminents de la police new-yorkaise... Chaque jour, l’affrontement entre la mafia russe et la police se fait violent, et face aux menaces qui pèsent contre sa famille Bobby va devoir choisir son camp...
Critique : James Gray aime les histoires aux accents shakespeariens, où des personnages de rien, fondus dans la masse, aux névroses et peurs secrètes, rejouent les codes de la tragédie grecque dans un univers violent et contemporain. Cette démarche fonctionnait magistralement dans Little Odessa et surtout The Yards, sans conteste l’un des films américains les plus sous-estimés de ces dix dernières années. Pour La nuit nous appartient, James Gray retrouve le duo Mark Wahlberg et Joaquin Phoenix, à travers des personnages dont les relations résonnent comme un écho au précédent long. Fort d’une thématique intense (culpabilité vorace, démons intérieurs, poids des souvenirs), le réalisateur régale. Pendant une bonne heure, on ne se doute de rien. Ou plutôt, si : on subodore le film de l’année avec acteurs au sommet (Joaquin Phoenix, viscéral ; Mark Wahlberg, sobre ; Eva Mendes, touchante ; Robert Duvall, exceptionnel), script au classicisme rutilant (deux frères qui se retrouvent à travers une rivalité familiale de longue date), mise en scène brillantissime (impressionnante scène de l’accident). Puis patatras ! Cette profusion de qualités conséquentes (qui ne justifient aucunement les sifflets à la fin de la projection cannoise) sert de cache-misère à une intrigue qui se mue en eau de boudin. En virant du vice assumé à la sagesse moite, en traversant de l’ombre ténébreuse à la lumière aveugle, Gray signe un polar affecté doublé d’un mélo emphatique peu subtil et faussement moralisateur (le final est plus maladroit que réac ou puritain). Alors, faut-il continuer à réaliser des films dans la tradition d’un Jules Dassin ? Faut-il remettre en question le classicisme (à ne pas confondre avec l’académisme) ? La puissance visuelle et la lumineuse noirceur de Gray finissent par pâtir de cette dernière demi-heure pesante, qui tue les efforts : tous les beaux plans qui illuminent son film accentuent la démonstration. Pour celui qui a porté aux nues Little Odessa et The Yards (deux opus qui ne souffrent d’aucune contestation), une vraie déception.
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Caribou 4 décembre 2007
La nuit nous appartient - James Gray - critique
Tout simplement exceptionnel.
Ce polar vous prend aux tripes et ne fait retomber la pression que lors de la toute dernière scène. Joaquin Phoenix est énorme, le scénario n’est pas très original mais il est réalisé avec un tel brio qu’on n’y fait même pas attention.
Dans son genre, l’un des meilleur film de l’année.
Camilla Lopez 21 avril 2009
La nuit nous appartient - James Gray - critique
Noir et aveuglant, "La nuit nous appartient" n’aime personne mais comprend tout le monde. Son final, ni puritain ni maladroit, claque comme une porte de prison.
Norman06 27 avril 2009
La nuit nous appartient - James Gray - critique
Polar nocturne et urbain, cette perle de James Gray brode sur un matériau classique (l’honneur des familles mafieuses, l’opposition entre le flic et le truand.) Au-delà des conventions inhérentes au genre, c’est du cinéma d’auteur populaire de qualité, bien servi par le trio Joaquim Phoenix/Mark Wahlberg/Robert Duvall. Aurait mérité un prix à Cannes.