Les cendres d’une passion
Le 19 août 2022
Une romance à la beauté noire qui travaille à la façon d’une blessure dont on ne voudrait jamais guérir. Juste déchirant et sublime.
- Réalisateur : James Gray
- Acteurs : Isabella Rossellini, Elias Koteas, Joaquin Phoenix, Gwyneth Paltrow, Vinessa Shaw
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h50mn
- Date télé : 4 août 2023 10:45
- Chaîne : Ciné+ Premier
- Date de sortie : 19 novembre 2008
- Festival : Festival de Cannes 2008
Résumé : New York. Leonard hésite entre suivre son destin et épouser Sandra,la femme que ses parents lui ont choisi ou se rebeller et écouter ses sentiments pour sa nouvelle voisine, Michelle, belle et volage, dont il est tombé éperdument amoureux. Entre la raison et l’instinct, il va devoir faire le plus difficile des choix...
Critique : Auteur de trois longs métrages en quinze ans, James Gray revient un an seulement après La nuit nous appartient avec ce qui est présenté sur le papier comme un drame romantique new-yorkais (genre frivole, a priori éloigné de l’univers du cinéaste). Or, Two Lovers est un somptueux crève-cœur, plus noir désir que rose bonbon, dont on sort ébloui comme bouleversé. Un trentenaire névrosé (Joaquin Phoenix), vivant encore chez ses parents dans une communauté juive new-yorkaise, est confronté à un choix cornélien. Ses parents le poussent à fréquenter la fille d’une bonne famille (Vinessa Shaw) pour qu’il soigne ses blessures indicibles et entre dans un monde adulte qu’il refuse en bloc. Non insensible à son charme, il tombe pourtant amoureux d’une autre femme (Gwyneth Paltrow, qui n’a jamais été aussi convaincante), sa voisine entichée d’un homme marié. Dualité entre la raison et le désir dans une sarabande malade qui travaille au corps et au cœur.
Ne pas arguer que James Gray négocie là un virage radical dans sa filmographie : Two Lovers remet sur le tapis les obsessions thématiques du cinéaste (la loi et la pulsion, la famille et l’indépendance), en citant Dostoïevski et Visconti et en fuyant les traces ostentatoires. Son art consiste à magnifier avec des éléments très simples une histoire aux repères éprouvés (l’homme encore adolescent, l’oppression familiale) pour l’élever au rang des passions immortelles à New York, cœur névralgique à deux doigts d’imploser. La pudeur et la simplicité assumée tirent le film vers l’état de grâce : il y a quelque chose d’authentique et de déchirant dans ce drame bourgeois qui creuse, vide, tue. Les premières scènes sont peut-être les plus fortes : avec trois fois rien, elles balancent un lyrisme désespéré à la gueule, une tristesse inconsolable qui n’en finira pas d’astreindre. Jusqu’à la fin, qui marque un renoncement, une douleur sans appel renvoyant à la morosité des premières images. Comme si, à mesure que le temps s’écoule, le personnage principal allait vers sa propre extinction, s’enfuyait lentement vers un néant, de la flamme à la fumée.
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Frédéric Mignard 23 décembre 2008
Two Lovers - La critique
Un film éblouissant qui donne envie d’aimer et d’espérer. Dans un genre apriori léger, James Gray signe peut-être là son meilleur film.
Norman06 29 avril 2009
Two Lovers - La critique
James Gray prend le risque de déconcerter son public avec cette chronique familiale et romanesque boudée par certains à Cannes. Pourtant, le récit est limpide et la facture en apparence classique : James Gray est un conteur de talent et l’élégance de sa mise en scène (discrétion des mouvements de caméra, refus d’effets de style) sert admirablement ce mélodrame. loin d’être « grand film malade » ou pièce mineure dans la carrière de Gray, le film sera à terme reconnu pour ce qu’il est : une bonne réalisation de genre imprégnée de la griffe d’un artiste.
Frédéric de Vençay 25 juin 2011
Two Lovers - La critique
Joaquin Phoenix dans la plus grande composition de sa carrière, une mise en scène sublime, une vérité de chaque instant, des sentiments à fleur de peau et la puissance d’une tragédie grecque. "Two lovers", chef-d’oeuvre immédiat et définitif, a l’éclat de la nuit noire et la tristesse des gouffres infinis. Bouleversant.