Un auteur dans le brouillard
Le 21 avril 2004
Tragédie des temps modernes, La maison des sables et des brumes, aurait pu faire partie de ces grands romans qui prennent un instantané d’une Amérique névrosée et chaotique. Mais, pour être à la hauteur d’une telle ambition, André Dubus aurait dû y mettre plus de rage.
- Auteur : André Dubus
- Collection : Best-Sellers
- Editeur : Robert Laffont
- Genre : Roman & fiction
- Nationalité : Américaine
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Lorsqu’un éditeur - ici Robert Laffont - fait le choix d’intituler une collection "Best -Sellers", il prend un risque : celui de décevoir les potentiels lecteurs. Et si, en plus, le roman publié est précédé d’une prestigieuse réputation outre-Atlantique, alors, on est logiquement en droit de s’attendre à un excellent livre. La maison des sables et des brumes d’André Dubus a connu un immense succès aux Etats-Unis, couronné par le Prix du Los Angeles Times et le prix PEN de la Nouvelle-Angleterre. Une fois le roman achevé, force est de constater qu’il est difficile de déceler ce qu’il y a de "choc" ou de "grande puissance" dans ces 376 pages. Certes, ce n’est pas un mauvais roman, mais sa renommée est largement surfaite.
Qu’André Dubus ne nous raconte pas une histoire follement originale, passe encore. Les plus grands écrivains américains, ont su mettre en scène l’envers du rêve américain et l’auteur ajoute sa pierre à l’édifice. Dans la banlieue de San Francisco, deux destins qui n’auraient jamais dû se croiser vont brutalement se télescoper. Massoud Behrani, un ex-colonel iranien qui a fui la révolution islamique, achète une maison aux enchères pour une bouchée de pain. Mais Kathy Lazaro, la précédente propriétaire, expulsée des lieux à la suite d’une banale erreur administrative, s’accroche à son bien et entend le récupérer. À n’importe quel prix. Les différences culturelles, l’incompréhension, la peur et le racisme ordinaire vont mener tous ces personnages à leur perte. Les oubliés de la société, la violence ou encore le pouvoir de l’argent ont été maintes fois abordés, et, malgré un effet de style original (les protagonistes se relaient pour raconter les événements), il manque à La maison des sables et des brumes cet indéfinissable caractère qui fait qu’un roman vous bouleverse. Est-ce la douleur, la distance avec laquelle on regarde les choses ou la finesse qui font défaut à André Dubus ? Qu’importe finalement, car au bout du compte, il subsiste un sentiment d’inachevé très frustrant, comme si les émotions n’avaient pu éclater au grand jour. Dommage...
André Dubus III, La maison des sables et des brumes (House of sand and fog traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Aline Azoulay), Ed. Robert Laffont, coll. "Best-Sellers", 2004, 384 pages, 20 €
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