Le 25 novembre 2020
Le succès est dans le pré. Les clichés y sont aussi. Cette comédie, pleine de bons sentiments, lança la carrière d’actrice de la chanteuse Louane.
- Réalisateur : Éric Lartigau
- Acteurs : Karin Viard, Éric Elmosnino, François Damiens, Jérôme Kircher, Roxane Duran, Louane Emera, Ilian Bergala
- Genre : Comédie
- Distributeur : Mars Distribution
- Durée : 1h45mn
- Date télé : 10 mars 2023 21:10
- Chaîne : M6
- Date de sortie : 16 décembre 2014
Critique : Le feel good movie de l’année 2014 fit de la jeune Louane, révélée par The Voice, une double star de la chanson et du cinéma. Le divertissement d’Eric Lartigau, metteur en scène hybride qui s’immergea aussi bien dans la parodie (Mais qui a tué Pamela Rose ?), la romcom (Prête-moi ta main) ou le drame (L’Homme qui voulait vivre sa vie), coche toutes les cases du film consensuel, en premier lieu grâce son héroïne, une adolescente spontanée qui vit des crises, envisage les garçons avec un brin de timidité et a forcément une bonne copine adjuvante. On connaît le schéma depuis La Boum et on a l’impression de revivre certaines scènes du film de Pinoteau, la symbolique en plus, parfois lourde, surtout lorsque Paula a ses premières règles, au moment où elle est sur le point de flirter avec son compagnon de chant, Gabriel. Pour le reste, la surdité des Bélier conduit le scénario à jouer fréquemment sur des situations d’énervement, qui transforment les protagonistes en moulins à vent, ou à créer une forme de rigidité, puisque l’adolescente fait constamment les sous-titres sonores, avant de s’opposer le plus souvent à ce qu’elle traduit.
Sur une trame à peu près semblable au film de Caroline Link, Au-delà du silence, Lartigau tricote un récit initiatique plein de bons sentiments, empreint de familialisme, où il existe aussi un professeur sévère mais bienveillant, qui prendra la petite Paula par la main pour l’extirper de l’exiguïté rurale, lui éviter l’inertie "dans un trou", lui promettre un meilleur avenir, citadin forcément, où il s’agit de "monter à Paris" : l’émancipation suppose que l’on quitte une campagne réduite à ses apparences les plus pittoresques (le fromage qu’on fabrique, le marché sur lequel on le vend, un tracteur, des bottes de foin), selon un ethnocentrisme jacobin qui travaille le film au corps. Ainsi, à toutes fins utiles, l’enseignant Thomasson décrète l’année musicale sous le signe de Michel Sardou, se réfère aussi à Nicoletta et Mike Brant (au moins ces béotiens comprendront).
Merci au passage d’avoir ouvert la boîte de Pandore et remis en selle un chanteur qu’on avait à peu près relégué dans nos lointains souvenirs, même si le long métrage se dispense évidemment de ses œuvres les plus polémiques. On imagine mal la si frêle Louane entonner d’une voix de soprano le sexiste "Les Vieux mariés" ou, à la première personne, l’ultra-réactionnaire "Je suis pour", voire quelques paroles du "Temps des colonies" ("Les guerriers m’appelaient Grand Chef/Au temps glorieux de l’A.O.F"). Non, les refrains empruntent au Sardou consensuel ou lyrique - "La java de Broadway", "La maladie d’amour", "Je vole" (un hit inattendu) - comme un relais des intentions du film.
"La famille gnangnan", commenta le regretté Charb dans un de ses derniers dessins. On est plutôt d’accord.
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.
Marla 21 décembre 2014
La Famille Bélier - Eric Lartigau - critique
Franchement, c’est un téléfilm dont on peut se passer. Il existe de bien meilleurs films sur de jeunes chanteurs talentueux : http://marlasmovies.blogspot.fr/2014/12/la-famille-belier-telefilm-du-mardi-soir.html