Le 1er janvier 2025
Adaptée du roman Prix Goncourt de Pascal Lainé, cette œuvre est un modèle de sensibilité et finesse narrative, offrant à Isabelle Huppert son premier grand rôle au cinéma.
- Réalisateur : Claude Goretta
- Acteurs : Isabelle Huppert, Sabine Azéma, Yves Beneyton, Annemarie Düringer, Lucienne Legrand, Michel de Ré, Monique Chaumette, Florence Giorgetti, Christian Baltauss, Gilberte Géniat, Renate Schroeter, Jean Obé, Odile Poisson
- Genre : Drame, Romance
- Nationalité : Français, Allemand, Suisse
- Distributeur : Gaumont Distribution
- Durée : 1h47mn
- Date de sortie : 25 mai 1977
- Festival : Festival de Cannes 1977
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Résumé : Deux jeunes femmes, Pomme et Marylène, partent en vacances. Mais Marylène laisse vite son amie seule. Celle-ci fait alors la connaissance de François...
Critique : Produit par Daniel Toscan du Plantier, La dentellière est tiré du roman éponyme de Pascal Lainé, Prix Goncourt 1974. L’écrivain a d’ailleurs participé à l’adaptation, en collaboration avec le réalisateur, Claude Goretta, Ce dernier était alors, avec Alain Tanner et Michel Soutter, le représentant du renouveau suisse au cinéma. Son long métrage L’invitation, récit d’un modeste employé, avait obtenu le Prix du Jury au Festival de Cannes 1972. On peut penser que Goretta et Lainé ont été sur la même longueur d’onde dans la réécriture du matériau littéraire, le réalisateur confirmant son intérêt pour les histoires axées sur des représentants des classes populaires. Le film est en outre fidèle à la trame narrative du roman. Béatrice dite Pomme est donc cette jeune assistante coiffeuse, introvertie, discrète et rêveuse, qui partage son temps entre le salon qui l’emploie et la maison familiale, où elle vit seule avec sa mère. Seule sa patronne et amie Marylène (prodigieuse Florence Giorgetti), libérée et volubile, amène un grain de fantaisie dans son existence, en partageant des sorties. Les deux femmes décident d’ailleurs de partir une semaine à Cabourg, en fin de saison. Tandis que Marylène connaît une aventure avec un touriste américain, Béatrice fait la connaissance de François (Yves Beneyton), un étudiant en lettres, bourgeois. Entre eux naît un véritable coup de foudre. On a beaucoup parlé du film (comme avant lui du roman) par son aptitude à peindre les rapports de classe. Béatrice, sans diplômes ni patrimoine, s’éloigne un temps de Marylène, d’une certaine aisance financière mais étrangère au monde de l’art et de la culture. François quant à lui baigne dans cet univers culturel mais connaît une (très relative) précarité étudiante, ses parents étant bien situés socialement. François semble apprécier Béatrice, aperçue la première fois dans un café, comme un modèle potentiel de peintre, une mystérieuse et attirante créature quasi abstraite, alors que la jeune fille est bien réelle, trop peut-être, quand il prendra vraiment conscience du fossé culturel qui les dépasse. Il reprochera à Pomme de ne pas avoir accepté les changements proposés, la concernant. Mais comme le lui fait remarquer une amie, a-t-il tenté de cerner ce qu’elle aurait pu lui apporter elle-même ? Le film échappe à la lourdeur sociologique (le déterminisme qui contrarie l’hétérogamie) par la finesse de ses dialogues, la mélancolie de sa narration et le refus de céder aux archétypes. En ce sens, il est aux antipodes de La vie est un long fleuve tranquille ou du Goût des autres, longs métrages d’une réelle qualité en demeurant. La relation entre Béatrice et François évoque plutôt (en mode moins virulent toutefois) les rapports entre Jean Yanne et Marlène Jobert dans Nous ne vieillirons pas ensemble. Il va sans dire qu’Isabelle Huppert, d’une retenue à la limite de l’autisme, est absolument impériale ; il s’agissait de sa première grande prestation d’actrice au cinéma, après une série de second rôles marquants, de César et Rosalie à Aloïse. Le prix d’interprétation au Festival de Cannes 1977 lui échappa cependant, le jury de Roberto Rossellini lui ayant préféré Shelley Duvall dans Trois femmes. Claude Goretta signa quant à lui d’autres film marquants bien qu’ayant rencontré un moindre écho : c’est le cas de La provinciale (1981, avec Nathalie Baye) et La Mort de Mario Ricci (1983, avec Gian Maria Volonté).
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