Au commencement était le verbe... et si l’impossibilité de parole face à l’impensable pouvait annoncer la fin ? Premier roman de Christian Ganachaud réédité à juste propos alors que l’on célèbre la mémoire des déportés, soixante ans après la libération des camps, La chambre nomme l’impensable comme pour mieux tenter d’immortaliser le souvenir des victimes.

Un homme et son fils dans une chambre. Les verrous sont tirés, la masse compacte de corps agglutinés par les tortionnaires est figée, puis soudainement se met à tanguer à la recherche d’un dernier souffle alors que les gaz sont libérés dans la pièce. S’instaure une danse macabre entre Maliochka et son père qui tente de faire gagner quelques suppléments de vie à son fils en le serrant pour enfin le hisser vers cette lumière blafarde qui pointe du faux-plafond. De cette lutte des derniers instants vers cet espoir improbable, fuse enfin la parole dans un long et poignant cri d’amour.

Ce premier roman est non seulement un hommage profondément émouvant aux victimes de l’horreur nazie mais se place aussi comme la première pierre d’une œuvre magistrale d’ores et déjà composée de douze livres, qui n’a qu’un seul objectif : la quête du spirituel à travers le verbe. Rares sont ainsi les auteurs actuels capables de construire une entité parfaitement cohérente, forgée avec une véritable intelligence narrative mais aussi une prose flamboyante qui n’a qu’une seule ambition : ériger une percée humaine vers les cimes.

P.S : Il y a des instants où la colère jaillit, si forte qu’un post-scriptum s’impose à la suite d’une chronique rédigée de manière classique. Comment des auteurs de qualité comme Christian Ganachaud peuvent-ils être encore ignorés alors qu’un magma de romans marketés submerge jour après jour les rayons ! Que vous dire d’autres, chers lecteurs, hormis de vous supplier de foncer chez votre libraire le plus proche et réparer cet oubli. Je vous imagine déjà parcourir pour la première fois les pages de La chambre ou Les clowns de feu ou Les aventures des frères Ganache et pleurer, rire et vibrer à leur lecture !