Le 4 août 2024
Catherine Breillat retrouve l’inspiration avec un sujet délicat qu’elle traite avec finesse, dévoilant un sens de la nuance dans la caractérisation des personnages. Encore un grand rôle pour Léa Drucker.
- Réalisateur : Catherine Breillat
- Acteurs : Clotilde Courau, Léa Drucker, Olivier Rabourdin, Samuel Kircher
- Genre : Drame, Teen movie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Pyramide Distribution
- Editeur vidéo : Pyramide Video
- Durée : 1h44mn
- Date télé : 4 août 2024 22:34
- Chaîne : Canal+ Cinéma
- Date de sortie : 13 septembre 2023
- Festival : Festival de Cannes 2023
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– Festival de Cannes 2023 : sélection officielle, en compétition
– Sortie DVD/Blu-ray : 6 février 2024
Résumé : Anne, brillante avocate, défend les mineurs victimes d’abus et les adolescents en difficulté. Son mari Pierre, leurs deux filles et elle vivent en parfaite harmonie dans une belle villa sur les hauteurs de Paris. Lorsque Théo, fils de Pierre né d’un précédent mariage, emménage avec eux, l’équilibre de la famille se retrouve chamboulé par l’irruption de cet adolescent rebelle et contestataire.
Critique : Initialement intitulé Inavouable, L’été dernier est le remake d’un film danois, Dronningen (2019), réalisé par May el-Toukhy et scénarisé par Maren Louise Käehne. Remanié par Catherine Breillat et Pascal Bonitzer, le scénario repose sur la liaison soudaine entre Anne, une avocate quadragénaire (Léa Drucker), et Théo (Samuel Kircher), l’ado rebelle de son mari (Olivier Rabourdin). Différence d’âge, lien de parenté délicat, mais aussi gouffre culturel. Si le thème des amours entre une femme entre deux âges et un jeune homme a été plusieurs fois traité au cinéma, du Blé en herbe à La passagère en passant par Mourir d’aimer, le contexte est ici particulier. L’adolescent, brut de décoffrage, peu aimable et voleur à l’occasion, n’est pas facile à vivre, et se retrouve un temps chez son père après un conflit grave avec sa mère. Il perçoit Anne comme une usurpatrice et une ennemie potentielle. Et lorsque l’improbable se produit, Anne est alors enfermée dans un dilemme : assumer sa liaison secrète avec Théo au risque de menacer sa vie familiale et professionnelle, ou renoncer à cet amour pour garder son confort et sa respectabilité. Un événement imprévu va amener Anne à prendre une décision surprenante.
- © 2023 SBS Productions. Tous droits réservés.
Catherine Breillat effectue son retour derrière la caméra après dix ans d’absence, Elle avait de surcroît connu des graves problèmes de santé. Son univers à la fois fascinant et dérangeant aborde souvent les affres du désir, en mode explicite (Anatomie de l’enfer, 2004) ou par le biais de la mise en abyme (Sex Is Comedy, 2002). Mais elle est aussi l’autrice d’œuvres décevantes, à l’instar d’Une vieille maîtresse (2007) ou Abus de faiblesse (2013). Aussi, on ne peut que louer sa capacité à rebondir. La cinéaste évite avec bonheur tous les pièges que lui tendait son récit : sensationnalisme, moralisme, invraisemblances narratives. Ses qualités de scénariste sont ici manifestes, elle qui avait collaboré naguère avec Bellocchio, Cavani, Pialat et Beauvois. Sans se prendre pour le Racine de Phèdre, elle donne à sa romance de curieux accents de tragédie.
- © 2023 SBS Productions. Tous droits réservés.
La mise en scène est limpide et fluide, et parvient à distiller une tension quasi policière, à laquelle on ne s’attend pas, dans la seconde moitié de l’histoire. Pour éclaircir sa démarche et ses ruptures de ton, la réalisatrice précise dans le dossier de presse : « Sur le papier, c’était effectivement l’histoire d’un adultère avec un beau-fils beaucoup trop jeune, etc. Mais ce n’est pas ça que je voulais raconter. Je n’aime pas le cinéma réaliste, quand on le cantonne à dire des choses convenues, étriquées, moralistes. L’art moraliste enlaidit et rétrécit les gens. Mais l’Art este moral car il les embellit, porte un regard sur eux qui les épanouit, les transfigure ». Les trois interprètes principaux sont formidables. Olivier Rabourdin n’avait pas été aussi impressionnant depuis Eastern Boys, et Léa Drucker trouve un autre bon rôle de maturité. Samuel Kircher, frère de l’acteur Jules Kircher (Le lycéen), est stupéfiant de spontanéité, pour son première apparition à l’écran.
Gérard Crespo
Le test DVD
Image :
L’intimisme est au rendez-vous et nous pouvons noter les plans rapprochés, presque à fleur de visage, qui sont la signature lumineuse de Catherine Breillat.
Son :
Le rendu est à encenser et les silences ont aussi droit de cité dans ce long-métrage qui ne laissera pas, loin s’en faut, tout spectateur insensible et indifférent.
Bonus :
Ils sont légion et nous aurions tort de ne pas le souligner et de nous en priver :
– Scènes du film commentées par Léa Drucker (durée : vingt et une minutes) qui laissent la part belle à cette actrice de renom pour nous éclairer sur certains passages clés ;
– Essais casting (durée : treize minutes) de Samuel Kircher (très à l’aise d’emblée) et Romane Violeau (une révélation plutôt timorée lors de ses premiers pas) ;
– La Leçon de cinéma de Catherine Breillat lors du Festival international de Films de Femmes de Créteil (2001). Seize minutes captivantes que la patine du temps n’a pas ridé du tout ;
– Un livret que nous n’avons pas pu consulter mais qui laisse deviner de belles promesses : Entretien avec Catherine Breillat (20 pages).
Éric Françonnet
Galerie Photos
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