Le 27 avril 2023
Le premier long métrage d’Héloïse Pelloquet est une romance agréable, qui utilise avec bonheur le décor naturel vendéen, avec une solide interprétation de Cécile de France et Félix Lefebvre.
- Réalisateur : Héloïse Pelloquet
- Acteurs : Cécile de France, Françoise Gillard, Grégoire Monsaingeon, Félix Lefebvre, Imane Laurence
- Genre : Drame, Romance
- Nationalité : Français
- Distributeur : Bac Films
- Editeur vidéo : Blaq Out
- Durée : 1h35mn
- Date télé : 11 avril 2024 22:40
- Chaîne : Canal+ Cinéma
- Date de sortie : 28 décembre 2022
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– Sortie DVD : 16 mai 2023
Résumé : Chiara vit sur une île de la côte atlantique, là où son mari Antoine a grandi. Ils forment un couple heureux et amoureux. Elle a appris le métier d’Antoine, la pêche, et travaille à ses côtés depuis vingt ans. L’arrivée de Maxence, un nouvel apprenti, va bousculer leur équilibre et les certitudes de Chiara…
Critique : Originaire de l’ouest de la France, Héloïse Pelloquet a intégré la Fémis dans la section montage, après des études littéraires. Elle a été monteuse pour plusieurs cinéastes dont Camille Lugan, Guillaume Brac et Axelle Roppert. Produit par Why Not Productions et Face Nord Film, La passagère est son premier long métrage. Le début de la narration s’apparente à un semi-documentaire sur le métier de marin pêcheur, comme Petit paysan avait pu l’être sur celui d’éleveur. À la trame policière qui viendrait prendre le relais, la réalisatrice préfère le romanesque, à travers le personnage de Chiara. Son attirance physique et affective pour le jeune apprenti qui débarque pour un stage dans son entreprise familiale bouscule ses certitudes, elle qui s’était habituée à l’existence heureuse mais routinière avec son époux. Comme le personnage de Catherine Deneuve dans Le lieu du crime d’André Téchiné, une passion non prévue et transgressive vient bousculer son confort familial, et être l’objet du regard des autres. La réalisatrice a ainsi déclaré : « En ce qui me concerne, l’histoire naît toujours d’un personnage : ici une femme d’une quarantaine d’années, une travailleuse, qui va vivre une histoire d’amour adultère avec un très jeune homme. J’avais envie d’écrire le plaisir d’une femme qui ne se l’autorise pas facilement. Avec l’idée de faire de Chiara une femme moderne, dans la vie active, et non le schéma classique d’une bourgeoise désœuvrée à la Emma Bovary, ou d’une femme au foyer adultère par ennui ».
- © 2022 Bac Films. Tous droits réservés.
Le récit transcende un matériau de roman-photo pour peindre une relation attachante, même si le sujet de l’amour d’une femme mûre pour un homme jeune a été maintes fois traité à l’écran, du Blé en herbe de Claude Autant-Lara à L’été dernier de Catherine Breillat, en passant par Mourir d’aimer d’André Cayatte. Le film frappe par sa capacité à utiliser les éléments climatiques de la région vendéenne comme composants du décor, mais aussi révélateurs des sentiments, un premier orage amenant un rapprochement des corps entre Chiara et Antoine. Plus généralement, l’œuvre s’inscrit dans la tradition d’un certain courant du cinéma français ayant accordé une part importante à la nature (et notamment la mer) dans la dramaturgie : on songe surtout au Jean Grémillon de Remorques et L’amour d’une femme.
- © 2022 Bac Films. Tous droits réservés.
Mais si la réalisatrice est habile dans le portrait de cette femme libre obéissant à ses désirs, on peut regretter qu’elle ait négligé le personnage masculin, réduit à un obscur objet du désir, charmeur et superficiel, et qui a moins d’attention de sa part, si ce n’est dans les séquences érotiques. Comme si la réalisatrice, dans la mouvance d’un néo-féminisme devenu normatif, voulait à tout prix inverser les codes narratifs, n’accordant de l’importance qu’au regard féminin. Mais il ne s’agit pas non plus de lui faire un procès d’intention et sa démarche n’en demeure pas moins respectable. Héloïse Pelloquet se montre en tout cas une remarquable directrice d’acteurs. Cécile de France trouve un bon rôle de maturité, deux décennies après sa révélation dans L’auberge espagnole. Et Félix Lefebvre, découvert dans Été 85 d’Ozon, confirme qu’il dévoile une véritable présence à l’écran. Autour d’eux gravitent des seconds rôles talentueux, comme Grégoire Monsaingeon, déjà vu dans Jeune femme ; ou la jeune Imane Laurence, actrice des courts métrages de la cinéaste.
Le test DVD
- © Blaq Out
L’image
Le DVD proposé par Blaq Out propose une image impeccable, fidèle au travail du directeur de la photographie Augustin Barbaroux. Les prises de vue en mer sont particulièrement bien rendues. La collaboration de la cheffe décoratrice Anne-Sophie Delseries est en outre appréciable pour les scènes d’intérieur.
Le son
Le DVD propose aussi une lecture réservée aux sourds et malentendants. Le travail sur le son est de qualité, et l’on peut louer le travail de l’ingénieur du son Lucas Héberlé, qui rend à merveille le contexte climatique du récit. La partition musicale de Maxence Dussère, discrète mais sensible (la cinéaste tenait à une touche mélodramatique), est également un atout artistique et technique.
Les suppléments
On aurait aimé un entretien avec la réalisatrice ou des informations sur le tournage. Ceci dit, le dossier de presse en ligne, auquel tout le monde peut accéder, apporte déjà un certain nombre d’éléments. On peut donc apprécier en bonus le troisième court métrage de la réalisatrice, Côté cœur (30 minutes), réalisé en 2018. Cette histoire d’une idylle entre une jeune fille et un trentenaire qu’elle a sauvé en mer annonce la thématique et le style de La passagère. La différence d’âge est ici inversée, mais le trouble des sentiments reste le même. L’utilisation du cadre naturel maritime semble cohérent avec la démarche de la réalisatrice et la jeune actrice Imane Laurence (qui aura un petit rôle dans le long métrage) est étonnante.
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