L’Empreinte : L’ADN complexe et envoûtant de Angel Fall

Notre avis : Fruit d’une longue maturation, L’Empreinte a tout de l’album imprévisible tant il s’est construit sur l’influence de grands groupes de rock ayant chacun à leur manière apporté leur pierre à l’édifice, en déconstruisant notamment le genre dans lequel ils étaient catalogués. Ce deuxième album du quatuor français, en s’appropriant avec talent les fondements artistiques de ces multiples artistes, propose ainsi un travail similaire d’effacement des frontières pour s’ancrer dans un genre assez générique et vague, celui du rock atmosphérique. Réflecteur d’une certaine incapacité à vraiment étiqueter la musique dense du groupe (et c’est tant mieux), cette appellation révèle néanmoins la force première des Français à créer avec L’Empreinte une ambiance complexe et ensorcelante. Confrontant à des mélodies mélancoliques le chaos de sonorités plus tumultueuses (L’Herbe Folle en est un parfait exemple), Angel Fall a le goût pour les changements de ton étonnants et renouvelant sans cesse la palette stylistique et émotionnelle du groupe.

Conviant dès ses premières secondes avec le morceau L’Empreinte l’influence très présente de Radiohead, l’album puise dans cette inspiration en filigrane un jeu très élaboré et réfléchi où se rencontrent naturellement le rock et l’électro plus expérimentale. Il se retrouve également dans ce second projet des airs d’Arcade Fire ou encore de Pink Floyd, surtout dans l’éloquent final Show, non sans rappeler les partitions les plus grandiloquentes du groupe britannique, pour ne citer qu’eux tant L’Empreinte résonne comme une nouvelle proposition réalisée avec de l’ancien. Une proposition mêlant le français et l’anglais pour un univers poétique rappelant l’universalité du langage musical de par sa capacité à toucher profondément l’auditeur. C’est précisément ce que fait Anfel Fall avec L’Empreinte. Que ce soit dans ses envolées lyriques ou bien dans ses instants plus anarchiques (au premier abord), le groupe reste dans cette approche à fleur de peau touchante bien qu’un peu irritante par le chant parfois trop forcé de Jules. Qu’importe les tentatives et les ruptures de tons, le groupe transforme à chaque fois l’essai en conservant la même sensibilité qui fait de L’Empreinte un album du cœur et de l’âme.