L’émeraude

On pourra dire qu’elle aura mis le temps, Daphné. Il aura fallu attendre ses trente ans pour que cet album voie le jour. Et cette Emeraude est une véritable découverte. La transcription stylisée de l’imaginaire débridé de la chanteuse. Les chansons semblent être tout droit sorties d’un autre temps. En nous racontant ses histoires au creux de l’oreille, Daphné nous emmène ailleurs. Loin des schémas existants et des structures pré-formatées, ses textes puissants viennent s’inscrire avec force dans les esprits.

Mais cet album n’aurait pas ces multiples couleurs sans la rencontre avec le compositeur Camille Rocailleux qui lui offre de splendides arrangements cinématographiques. Dans une suite de saynètes, toutes plus inventives les unes que les autres, Rocailleux apporte sa touche toute particulière. Comme si Matmos rencontrait Moriccone. Un mix tout en douceur entre électro et symphonique. Une magnifique manière de mettre Daphné en valeur et de nous offrir un album aux multiples visages, constamment tiraillé entre mélancolie et joie.

Telle une pomme d’amour, ce premier album de Daphné utilise artifices et formes pour vous attirer à lui. Mais ce n’est qu’à proximité de l’objet que vous découvrirez, une fois sa couche protectrice morcelée, sa véritable nature.