Dégoût et des douleurs
Le 6 octobre 2004
A force de garder les douleurs en dedans, il arrive un moment où la pression est trop forte. Gare aux éclaboussures !
- Auteur : Pascal Morin
- Editeur : Éditions du Rouergue
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Chaleur accablante, terre aride et fraîcheur de la piscine... Tous les ingrédients sont réunis pour passer de bonnes vacances. Mais aussi pour plonger au cœur d’une tragédie familiale...
Au départ, il est question d’une piscine. Enfin, d’une piscine... Disons plutôt qu’il s’agit d’un bassin dans lequel on peut se rafraîchir quand le soleil tape trop fort, un bassin construit en lieu et place de l’ancien jardin du grand-père. C’est là, dans un village du sud, que le narrateur vient passer ses vacances, lui le citadin, le seul à ne pas avoir suivi le même chemin que ses deux frères, le seul à avoir quitté cette campagne morte pour s’établir dans une ville pleine de bruits.
Mais il y revient malgré tout. L’été, l’endroit est charmant. Relaxant, apaisant et calme. Un endroit parfait pour lézarder au soleil pendant que la famille travaille dans les champs. Et tant pis pour ces regards entendus qui en disent long. On n’aime pas trop les feignants par ici... Bientôt, la culpabilité va se fondre à la haine. Et la haine se transformer en folie.
Ce roman est construit autour de cinq figures masculines très fortes. Le père et le grand-père sont les seigneurs du domaine. Ils parlent peu. La chaleur accablante et leur charge de travail les fatiguent, au point de les rendre imperméables au dialogue. Et puis il y a ces trois frères qui s’observent, se tournent autour, qui se cherchent et se sondent. A la manière de ces fauves qu’on affame avant de les lâcher dans l’arène...
Pascal Morin dit l’essentiel sur les rapports venimeux qui empoisonnent une famille. Quand l’implicite prend le pas sur la spontanéité de la relation, quand le silence est préférable aux échanges inutiles, alors c’est le moment où les personnages partent en lambeaux. Encore faut-il avoir le cran d’ouvrir les yeux pour s’en apercevoir. Dans un style très sec, avec une économie de mots qui rend ce texte d’une limpidité et d’une clarté absolues, Pascal Morin réussit un joli pari. Celui d’offrir à sa prose une fraîcheur comparable à la température de l’eau qui ruisselle tout au long du récit. Une fraîcheur coupée à la haine, moteur permanent et essentiel de ce huis clos rural.
Pascal Morin, L’eau du bain, Ed. du Rouergue, coll. "La Brune", 2004, 128 pages, 9 €
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