L’Assemblée - la critique du film

Notre avis : Qui ne se souvient pas du mouvement Nuit debout, né au printemps 2016 en réponse au projet de loi Travail de Myriam El Khomri ? Les chaînes d’info en continu, avides de spectacle et de scandales, ont déversé des jours durant les images de centaines de personnes rassemblées place de la République à Paris. Mais aucun journaliste, aucun homme et aucune femme politiques n’avait semblé véritablement capable d’expliquer les véritables motivations de ce mouvement, qui dépassaient largement le stricte cadre politique de contestation de la loi El Khomri.
Donner la parole à tous ces anonymes qui ont choisi de débattre et battre le pavé, expliquer en quoi Nuit debout peut apparaître comme le point culminant d’une forme de révolution démocratique, tel est le défi que s’est lancé la réalisatrice Mariana Otero.

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Sous une pluie battante, toutes les générations sont là, assises – ou debout – sur le sol froid de la capitale de la France. Sur une estrade, un micro à la main, quelqu’un parle. Mais pas du projet politique du gouvernement Valls, qui a mis le feu aux poudres d’une fièvre qui couvait depuis de très nombreuses années. Il parle d’expression, d’échange, de débat, de démocratie, de république.
Avec L’Assemblée, Mariana Otero a moins voulu encourager la révolution politique prônée par les extrémistes que mettre en lumière le tournant démocratique que prend aujourd’hui la société française. La problématique du film est claire : Comment parler ensemble sans parler d’une seule voix ? Qu’est-ce que débattre et comment débattre ? Voilà les questions auxquelles le documentaire essaye d’apporter une réponse. Il s’agit donc de filmer, de mettre des visages sur la démocratie citoyenne, spontanée : autour de la statue de Marianne, de petits groupes de discussion se forment. La tension est palpable sur les visages. Quelqu’un distribue la parole, on vote à main levée pour ne pas parler tous en même temps. Mais certains, emportés par la passion du débat et des idéaux, parlent au-dessus des autres, s’agacent parfois, mais ne sont jamais agressifs ou menaçants.

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C’est ce qui fait toute la force et toute la raison d’être de L’Assemblée : on découvre une Nuit debout bien moins extrémiste, démagogique et complaisante que ce que les médias ont bien voulu nous montrer. Au contraire, Nuit debout est un lieu d’échange, de partage et de débat où s’expriment toutes les sensibilités socio-politiques. Et alors même que la cinéaste va jusqu’à filmer à la dérobée les accrochages entre militants et CRS – auxquels la caméra ne plait pas beaucoup d’ailleurs – une jeune femme noire va jusqu’à soutenir que la droite radicale et l’extrême-droite doivent également pouvoir s’exprimer.
La démocratie doit s’apaiser, se reconstruire et surtout n’exclure personne. Voilà ce qu’il faut retenir. Voilà ce qui fait de L’Assemblée un joli film social, politique, militant, et cependant apartisan.