Entre nos mains - la critique

Un documentaire attachant sur une idée qui fait son chemin : la gestion d’une entreprise par ses propres salariés.

L’argument : Confrontés à la faillite de leur entreprise de lingerie, des salariés - majoritairement des femmes - tentent de la reprendre sous forme de coopérative.
Au fur et à mesure que leur projet prend forme, ils se heurtent à leur patron et à la réalité du « marché ».
L’entreprise devient alors un petit théâtre où se jouent sur un ton espiègle, entre soutiens-gorge et culottes, des questions fondamentales économiques et sociales.
Les salariés découvrent dans cette aventure collective une nouvelle liberté.

Notre avis : Dès les premières minutes du documentaire de Mariana Otero, les images d’un célèbre épisode de l’émission de France 3 Strip Tease nous reviennent en mémoire. On y découvrait des ouvrières d’une usine de textile en guerre contre un patron aussi imbuvable avec elles qu’hypocrite devant la caméra. La détresse de ces femmes était tangible et terriblement émouvante. Ici, le décor est le même mais les enjeux sont tout autres, le patron sera d’ailleurs toujours hors-champ. En effet, les salariées ne font pas face à un conflit interne mais doivent agir pour éviter la faillite. Nous n’assistons donc pas à la dépression statique vue dans l’émission belge mais plutôt à un espoir en mouvement. Celui de prendre le pouvoir (partagé et égalitaire) de leur entreprise, qui est aussi pour certaines leur lieu de vie depuis plus de 20 ans, en créant une Scop, Société Coopérative et Participative.

© Diaphana Distribution

L’intérêt principal de ce documentaire est de nous faire découvrir la mise en place de ce nouveau système d’autogestion avec une grande fluidité narrative. Nous assistons aux différentes étapes dont la plus délicate est de parvenir à convaincre le plus grand nombre de salariées. Car l’idée de créer cette Scop vient d’un petit groupe au sein de l’entreprise, groupe qui doit s’évertuer à propager et défendre cette idée auprès d’ouvrières parfois dépassées par les événements. Il faut dire que la tentative de déstabilisation du projet par le patron actuel complique un peu plus une situation déjà floue pour certaines. La caméra de Mariana Otero ausculte et suit ainsi l’évolution des pensées de chacune jusqu’à une quasi unanimité malheureusement vaine. Oui le projet tombe à l’eau mais pas à cause d’un refus interne. Le changement était bel et bien en marche et c’est le plus important.
S’il y a tout de même un reproche à faire à la réalisatrice c’est celui de ne pas s’être effacée devant son sujet et de ne pas avoir laissé sa caméra parler à sa place. Il y a parfois un côté interview de reportage télé peut-être un peu superflu. Mais on ne peut pas lui en vouloir de s’être impliquée émotionnellement au contact de ces personnes attachantes, surtout la fameuse Muriel, véritable personnage d’une grande puissance comique. Cette émotion culmine d’ailleurs lors de la « comédie musicale » finale, aussi improbable que touchante.

La bande-annonce : ICI

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