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Le 31 octobre 2005
Histoire de Modesta, Sicilienne née en 1900, morte un jour, peut-être, en jouissant sûrement.
Histoire de Modesta, Sicilienne née en 1900, morte un jour, peut-être, en jouissant sûrement.
Scène d’ouverture. Modesta, petite Sicilienne née avec le 20e siècle, est encore une enfant. Elle vient de découvrir, avec ses doigts, les plaisirs de sa chair. Avec sa langue, son grand ami Tuzzu lui en fait connaître d’autres, plus grands encore. Scène de fin. Modesta a soixante ans. Son nouveau vieil ami la baise entre les jambes. Elle se "retrouve à penser bizarrement que la mort ne sera peut-être qu’un orgasme aussi comblant que celui-là". Entre les deux, une vie, la vie.
Tout avait pourtant mal commencé. Tant pour Modesta que pour L’art de la joie, écrit entre 1967 et 1976 par Goliarda Sapienza et publié vingt ans plus tard, quelques mois après la mort de son auteur. Aucun éditeur avant le "petit" Stampa Alternativa n’avait voulu jusque-là de ce pavé signé d’une comédienne reconnue, au théâtre surtout. Un roman inclassable dans l’Italie d’alors, pas seulement parce qu’il renvoyait le pays à son passé et à ses errements post-fascistes, mais aussi par le foisonnement d’un style tour à tour réaliste, poétique, théâtral, cinématographique. La crudité des scènes de cul n’avait rien arrangé.
Un art, la joie ? Sans aucun doute à écouter Modesta dérouler le fil d’une existence qui s’annonçait grise (enfance dans l’extrême pauvreté entre une mère autiste, une sœur trisomique et un père absent, puis violeur à son retour). De coups de chance en coups bas (Modesta n’hésite pas à se débarrasser de celles et ceux qui entravent sa route vers la joie), elle deviendra princesse, lectrice, féministe, combattante du fascisme, prisonnière, amante, amante, amante encore, mère et grand-mère d’une ribambelle d’enfants tous porteurs de craintes et d’espoirs. Magnifique revanche pour Goliarda Sapienza qui, comme le révèle son compagnon Angelo Maria Pellegrino dans la postface, n’avait pu donner la vie.
Dans cette fresque où l’intime côtoie l’universel - deux guerres mondiales, montée du fascisme, émancipation féminine, grippe espagnole -, la vie est partout, la "folie de vie" fait tout : découvrir, s’instruire, se battre, aimer, jouir, se réjouir. Ne pas croire pour autant que L’art de la joie sonne comme une invitation, une de plus, à profiter de l’instant présent. Il l’est aussi. Mais c’est parce qu’il garde toujours ses yeux pointés vers des lendemains heureux, même quand ceux-ci, qui semblaient proches, s’éloignent à nouveau, que ce roman est une œuvre d’art. Doublement.
Goliarda Sapienza, L’art de la joie, (L’arte delle gioia, traduit de l’italien par Nathalie Castagné), éd. Viviane Hamy, 2005, 636 pages, 24 €
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