Le 24 août 2018
Un Duvivier tardif, plutôt décevant malgré une belle ambition.
- Réalisateur : Julien Duvivier
- Acteurs : Charles Vanel, Daniel Gélin, Madeleine Robinson
- Genre : Drame, Noir et blanc
- Nationalité : Français
- Durée : 1h50mn
- Box-office : 146 425 entrées France
- Date de sortie : 4 juin 1954
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Résumé : Etzel Andergast, fils d’un procureur, découvre que son père a condamné un homme, Léonard Maurizius, sur de simples présomptions. Le jeune homme, épris de justice, met un point d’honneur à remonter aux sources de l’affaire pour découvrir la vérité.
Notre avis : L’édition française du roman de Wasserman, dont est tiré ce film, comprend une postface d’Henry Miller, grand admirateur du roman, qui avoue avoir renoncé à l’adaptation à laquelle il avait un temps songé. Selon lui, le livre est proprement inadaptable, sa complexité et sa richesse ne pouvant trouver d’équivalent dans une mise en images. C’est que, réduite à l’anecdote, cette histoire d’erreur judiciaire n’est qu’un fait divers banal. Pour l’essentiel, c’est par le dialogue et la pensée que Wasserman étudie une société bancale dont sont issus aussi bien le père rigoriste que le fils idéaliste et qu’il travaille à saper en profondeur.
Que faire de ce roman touffu, traversé par Balzac comme par Dostoïevski, livre-monde à l’incroyable puissance ? Duvivier choisit de ne pas se contenter de l’anecdote, sans pour autant parvenir à retranscrire par des dialogues profus son enchevêtrement psychologique. Forcément limité par la durée, il condense et explique, parfois balourdement : il faut dire à sa décharge que trouver des équivalences visuelles à des parcours moraux relève de l’impossible gageure. Mais le film est également desservi par une interprétation globalement déficiente : Daniel Gélin et Madeleine Robinson peinent à convaincre, mais sont plus supportables que Jacques Chabassol et Anton Walbrook, dont les personnages de fils-enquêteur et de gourou fascinant (et implicitement pédophile) devraient être des clés et ressemblent davantage à des pantins cabotinant. Heureusement, Charles Vanel, superbe en patriarche inflexible s’humanisant peu à peu, apporte un peu de chair à une œuvre finalement très théorique.
Même en oubliant ou en ne connaissant pas le roman d’origine, on ne peut qu’être frappé par la lourdeur d’une mise en scène sans inspiration. Et pourtant, dans cette histoire qui devrait émouvoir profondément mais qui ennuie souvent, passe un peu de l’indignation dont on sent qu’elle a motivé Duvivier : la remise en cause d’une justice de classe, qui condamne rapidement et se moque de ses erreurs, conserve sa force malgré son caractère empâté. Mais, avouons-le, on est plus proche d’un film de Cayatte, film à thèse privé de nuances, que d’un « grand » Duvivier, noir et ambigu.
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