Love on the beat
Le 11 mai 2005
Comment un documentaire sur Nirvana se transforme en réglement de comptes avec Courtney Love.
- Réalisateur : Nick Broomfield
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Américain, Britannique
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– Durée : 1h39mn
– Avec Kurt Cobain, Courtney Love...
Comment un documentaire sur Nirvana se transforme en réglement de comptes avec Courtney Love.
L’argument : En avril 1994, Kurt Cobain, leader du groupe Nirvana, créateur de la musique grunge et compagnon de Courtney Love, est découvert mort a son domicile de Seattle. Trois ans plus tard, le réalisateur, fasciné par les personnalités de Kurt et de Courtney, décide de mettre en scène un film sur leur histoire d’amour loin des conventions et au-delà du scandale. L’opposition de Courtney à ses investigations va donner une nouvelle direction au film, qui évoque un univers où se confondent amour, pouvoir, argent, haine, drogue et succès.
Notre avis : La mort de Kurt Cobain a engendré une tristesse inconsolable chez tous les adolescent(e)s des années 90 qui voyaient à travers ce dieu du grunge un réceptacle à leur propre mal-être. La fascination a été telle que des jeunes filles ont été jusqu’à se donner elles-mêmes la mort pour rejoindre leur idole. Des phénomènes comme celui-ci n’ont pas lieu tous les ans. On peut à raison parler d’un mythe.
Ressortir ce documentaire qui parcourt la vie entière de Kurt Cobain, deux jours avant Last days de Gus Van Sant, peut sembler louche. Mais ce n’est pas de l’opportunisme. Le film apporte les réponses adéquates aux questions tordues que se posent les plus jeunes mélomanes, fascinés par le phénomène grunge (actuellement très en vogue). S’il n’est pas exempt de racolage, le documentaire ne se donne pas comme simple mission de contredire la thèse discutable du suicide de Kurt Cobain mais plutôt de découvrir l’homme sous l’artiste. De ses premiers morceaux enregistrés à deux ans à ses amis, en passant par sa dépression et ses overdoses, Nick Broomfield brosse le portrait d’un rebelle timide et foncièrement gentil. En corollaire, un traitement moins chaleureux est réservé à Courtney Love : elle passe littéralement pour une salope matérialiste qui ne serait rien sans Kurt. Le manque de nuance ne dissimule pas la vérité.
Pour peu qu’on connaisse bien l’affaire, le documentaire n’apporte rien de nouveau mais il permet de donner un résumé robuste aux néophytes de la vie pas guillerette de Kurt Cobain et accessoirement de se forger une opinion. Ce qui est intéressant, c’est de découvrir en quoi le documentaire dérange et surtout bifurque dans sa seconde partie. S’il n’a pour seuls bémols qu’une dramatisation un peu excessive au niveau du montage et un parti-pris trop appuyé, il faut également souligner les nombreux bâtons que Courtney Love, ici diabolisée, a mis dans les roues. Lorsqu’elle a pris conscience de la réalisation d’un documentaire sur Kurt et sa propre personne, elle a tout fait pour l’interdire. Elle n’y est pas parvenue.
Parce qu’elle n’a pas voulu céder les droits, on n’entend pas de morceaux de Nirvana (ou trop peu). La direction que Broomfield prend suite à cette décision de sabotage est passionnante parce qu’elle appuie l’hypothèse selon laquelle le sujet continue de perturber la demoiselle (et les autres) pour des raisons souterraines, voire ambiguës. Le constat, très édifiant, possède le grand mérite de fonctionner en adéquation avec la géniale vidéo, Nirvana live sold out tonight.
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